1. Libération


    Datte: 14/05/2019, Catégories: fh, amour, volupté, Auteur: Orchis, Source: Revebebe

    — Avance !
    
    Nathalie appuya plus fortement le canon de son Glock dans le dos de son prisonnier. Les mains levées, il s’exécuta. Cet être infâme avait exécuté des dizaines de personnes sans sourciller, et maintenant il tremblait devant elle comme un agneau apeuré. Elle avait vu des mères de famille affronter le peloton d’exécution avec plus de dignité. Il la répugnait. Son index frôla la détente de son arme. Comme elle aimerait la presser…
    
    — C’est là. Je vous ai amenés où vous vouliez. Je vous en prie, ne…
    
    Nathalie l’assomma d’un violent coup de crosse sur la nuque. Il s’effondra sans un cri.
    
    — Mathieu, je t’interdis de le tuer. On en aura peut-être besoin plus tard.
    
    Le colosse qui se tenait à ses côtés marmonna quelques protestations.
    
    — S’il te plaît.
    
    Il leva les yeux d’un air exaspéré.
    
    — D’accord, d’accord. Puisque tu y tiens tant !
    — Bien.
    
    Sans accorder plus d’attention à son coéquipier, elle observa la lourde porte qui perçait le mur du corridor. Voilà donc la geôle où avaient disparu les opposants au régime. Était-ce là que Thierry était mort ? Avait-il souffert ? L’avait-il appelée dans son agonie ? Sa gorge se noua en une boule de détresse. Elle se força à respirer profondément pour se calmer. Mathieu s’inquiéta aussitôt.
    
    — Ça va ?
    — Bien sûr. Te bile pas. Tu me couvres ?
    
    Il hocha la tête.
    
    — Les autres ne devraient plus tarder à arriver, mais montre-toi prudente quand même.
    — Je suis toujours prudente.
    — Si tu le dis, ...
    ... marmonna-t-il d’un ton peu convaincu.
    
    Faisant mine de ne pas avoir entendu, elle rangea son arme dans son étui, souleva la barre qui fermait la porte et tira le battant. Des relents fétides la frappèrent au visage avec la force d’un coup : des miasmes de moisissures, une puanteur d’excréments, une pestilence de charnier. La lumière crue des néons du couloir illumina la cellule, révélant un spectacle insoutenable : un sol de ciment maculé de taches sombres où grouillait une multitude d’insectes, une nuée de mouches qui vrombissaient dans l’air insalubre, trois corps décharnés dont les os saillaient sous la peau crasseuse. Luttant contre la nausée, elle pénétra dans le cachot et s’avança vers le premier détenu. Il avoisinait les cinquante ans ; la privation avait creusé ses traits burinés. S’il n’avait pas fixé le vide sans ciller, elle aurait pu croire qu’il vivait encore. La décomposition avait déjà entamé son travail macabre sur le second, Nathalie ne prit même pas la peine de s’en approcher. Quant au troisième, il lui tournait le dos. Elle se dirigea vers lui et le contourna pour s’accroupir à ses côtés. Il était affreusement maigre, plus efflanqué encore que ses compagnons d’infortune. Des ecchymoses sombres, des écorchures infectées couvraient son corps nu. Sa respiration rauque, irrégulière était à peine audible. Il vivait encore, mais pour combien de temps ? Chaque inspiration ressemblait à une bataille qu’il ne gagnait que de justesse. Ses yeux entrouverts luisaient dans la ...
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