1. Poésie brodskyenne


    Datte: 12/05/2019, Catégories: nonéro, exercice, poésie, Auteur: Brodsky, Source: Revebebe

    ... et d’impatience,
    
    en nage et en rage,
    
    afin de se procurer le laissez-passer
    
    vers les contrées de l’esclavage du salarié.
    
    ET ILS PAIENT POUR CELA…
    
    Puis leur tour venu, ils dégueulent leur haine
    
    sur le pauvre type enchaîné derrière la vitre
    
    blindée qu’ils prennent pour leur bourreau
    
    parce qu’il encaisse un dixième de leur salaire
    
    en échange de leur soumission.
    
    ET ILS PAIENT POUR CELA…
    
    Ils dorment mal au milieu du bruit
    
    dans des appartements trop petits ;
    
    leurs gosses deviennent cons dans des écoles
    
    où ils n’apprennent RIEN D’ESSENTIEL.
    
    ils bouffent de la viande avariée,
    
    boivent du vin frelaté,
    
    cinq fruits et légumes emplis de pesticides
    
    chaque jour,
    
    se font soigner dans des hôpitaux bondés
    
    où on leur refile des maladies nosocomiales.
    
    ET ILS PAIENT POUR CELA…
    
    Ils paient pour ces enflures de politiciens
    
    qui n’ont jamais pété que dans la soie,
    
    n’ont jamais rien produit de leur vie
    
    et leur font la morale
    
    en leur expliquant doctement
    
    que la démocratie est une pute sublime
    
    qu’il faut tout faire pour entretenir.
    
    ET ILS PAIENT POUR CELA…
    
    DU HAUT DE MON BALCON…
    
    Du haut de mon balcon je regarde
    
    les insectes humains qui grouillent
    
    sur le trottoir d’en bas,
    
    avec leurs sacs remplis de trucs
    
    qu’ils sont fiers d’avoir
    
    achetés…
    
    Ils courent dans tous les sens,
    
    sans regarder où ils vont,
    
    ils se poussent, se bousculent,
    
    s’engueulent même parfois,
    
    s’insultent…
    
    Tout ...
    ... cela n’a aucun sens…
    
    Les fourmis, les scarabées, toutes les bestioles
    
    de l’univers ont un but commun :
    
    celui de préserver l’espèce.
    
    Le seul but commun des humains est
    
    de détruire la leur
    
    en s’aliénant chaque jour un peu plus,
    
    en consommant des merdes inutiles,
    
    en se gavant d’émissions à la con
    
    devant leur poste de télévision,
    
    en cherchant pourquoi et comment
    
    se détester un peu plus à chaque minute qui passe…
    
    Certains parlent d’amour ;
    
    mais l’amour dans leur bouche est devenu
    
    un concept plein de moralité, de règles
    
    qu’ils prétendent devoir respecter
    
    comme la recette de la brandade de morue.
    
    C’est pitoyable…
    
    Ils oublient l’instinct,
    
    le désir, les pulsions sexuelles,
    
    l’envie de baiser juste pour le plaisir ;
    
    il leur faut sans cesse une raison,
    
    une excuse,
    
    UNE JUSTIFICATION,
    
    l’avis du psy ou celui du curé, ou celui
    
    de leurs enfants…
    
    Je regarde ce clebs en train
    
    d’en grimper un autre,
    
    et je l’envie…
    
    Il n’a rien demandé à personne,
    
    il ne s’est pas posé de questions :
    
    il a juste répondu à l’appel de la nature
    
    qu’une vieille salope va contrarier
    
    en lui jetant un seau d’eau froide,
    
    parce qu’aujourd’hui
    
    on interdit même aux chiens
    
    de baiser dans la rue.
    
    On castre les animaux
    
    par jalousie,
    
    parce que la plupart des humains
    
    sont déjà castrés DANS LEUR TÊTE
    
    par les féministes ou les curés
    
    qui n’ont jamais rien compris
    
    à l’amour, et qui imposent à tous
    
    leur ...
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