1. La nuit


    Datte: 27/02/2018, Catégories: nonéro, fantastiqu, fantastiq, Auteur: café-clope, Source: Revebebe

    ... les lumières à l’horizon, comme celles de Paris, et de toutes les grandes agglomérations de banlieue, plus ou moins proches, étaient sensiblement moins visibles que d’habitude. De toute évidence, « ça » en était la cause. C’était donc proche de la surface, pas un phénomène spatial, ou du moins de la haute atmosphère. Brusquement, sur un coup de tête, j’ai décidé de prendre mes jumelles. Je ne sais toujours pas pourquoi je l’ai fait, puisque ce noir était vraiment insondable : que croyais-je donc y trouver ? Je regrette encore ce geste…
    
    Lorsque j’ai effectué la mise au point, j’ai pu distinguer quelque chose. C’était par endroit des filaments, à d’autres endroits de masses, entre la chair boursouflée et la volute de fumée, moins sombres. Il y avait dans tout cela un mouvement constant, comme un grouillement immonde de microbes ou de parasites vu au microscope. Ça avait quelque chose d’organique. J’ai eu un hoquet de surprise, et j’ai baissé les jumelles. Pris de panique, j’ai rangé mes jumelles, fermé les volets et bouclé la porte à double tour. J’ai hésité un instant, et puis j’ai encore fermé les fenêtres, que je laissais ouvertes depuis des semaines pour laisser entrer la fraîcheur nocturne. Je savais que je mourrais de chaud, mais tout rempart que je pouvais placer entre ça et moi serait le bienvenu.
    
    C’est là que j’ai passé ma première nuit blanche. J’avoue que j’étais terrifié, mais finalement, sans trop savoir pourquoi. C’était, je suppose, cette fameuse peur de ...
    ... l’inconnu. C’était aussi le côté grouillant et répugnant de ce que j’avais vu. Et surtout, la PROXIMITÉ. À combien au-dessus de nos têtes se trouvait ce truc ? Je me suis levé au milieu de la nuit, en sueur. La curiosité me dévorait. Je me suis avancé vers la fenêtre que j’ai ouverte, j’ai ensuite posé ma main sur la poignée, pour les ouvrir. J’avais trop peur. Je suis resté longtemps, peut-être cinq minutes, dans cette position, figé, n’osant pas ouvrir et revoir ce qui m’intriguait et me terrifiait tout à la fois. Puis j’ai renoncé, j’ai refermé la fenêtre, et me suis réfugié sous les draps et la couverture, à la recherche d’un sommeil dont je savais déjà à ce moment-là qu’il ne viendrait pas.
    
    Le lendemain, je me suis réveillé trempé, enroulé dans des draps gluants qui adhéraient à mon corps comme un emballage plastique. Les rainures des volets laissaient passer la lumière d’un beau soleil. Tout était dissipé. Après un petit déjeuner copieux, et une douche bienfaitrice, j’ai vaqué à mes habituelles occupations des vacances : regarder quelques programmes télévisés, écouter de la musique, rien de constructif, mais c’était fort agréable, et surtout relaxant.
    
    Puis, le soir, j’ai dîné sur mon balcon, en regardant le soleil qui plongeait derrière l’horizon. J’ai entassé grossièrement les couverts dans l’évier, déterminé à ne faire la vaisselle que le lendemain. J’étais décontracté, posé, et finalement, je ne savais pas pourquoi j’avais ainsi pris peur la nuit précédente. J’ai ...
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