Le Rendez-vous
Datte: 02/05/2019,
Catégories:
fh,
couple,
vacances,
amour,
cérébral,
revede,
nonéro,
sf,
Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe
... ».
Neuf… Huit… Sept… Six… Cinq… Quatre… Trois…
… Suis-je encore de ce monde ?
— Abruti ! Si tu te poses la question, c’est que ton cerveau n’est pas encore parti planter des nénuphars en mer de chine…, cingle la voix de Franck 2034, se réverbérant sans fin dans ma boite crânienne au bord de l’implosion.
Je rigole doucement à ce trait d’humour tendrement pathétique. Mal aux dents. C’est bon signe, j’ai encore des terminaisons nerveuses qui vont jusqu’à la… Par contre, du côté du nerf optique, c’est moins fun. Tout est flou, cotonneux et mes globes oculaires roulent dans mes orbites comme des billes dans un entonnoir sans fin. Envie de gerber. Belle gueule de bois !
Mes paupières tressaillent, se soulèvent, laissant ma rétine s’imprégner de la danse infernale de la pièce obscure dans laquelle je me trouve. Je ne suis plus dans le labo, et pas encore à la morgue. Se pourrait-il que ces murs qui oscillent autour de moi soient bien ceux que je crois ?
Libre de toute entrave, je me redresse en m’appuyant avec précaution sur l’accoudoir de ce fauteuil qui valse comme un bronco sauvage en plein rodéo… et, aussitôt, je vomis mes tripes sur le carrelage. Autour de moi, l’environnement se stabilise peu à peu.
Je n’ose pas y croire, tout ce qui m’entoure est si net, exactement identique à mes souvenirs ! Je palpe mon visage imberbe et presque juvénile… Bon dieu, j’ai réussi !
Je viens tout simplement de réaliser l’impossible : projeter mon esprit dans le passé, ...
... fusionnant ma mémoire - tout mon vécu - avec ceux de mon double, Franck 2008. Nous ne formons plus qu’un, et ce lointain samedi, où toute cette histoire a débuté, est devenu mon nouveau présent. C’est démentiel, mais ça a fonctionné impeccablement !
Je n’ose pas y croire ; et si tout cela n’était qu’illusion ? Une peur terrible jaillit et me glace. Je dois être sûr ! J’approche le siège à roulette de « mon » bureau, décroche le téléphone et compose de mémoire – la mémoire de Franck 2008 – le numéro de Jean-Luc Fournier. Plusieurs sonneries résonnent dans le pavillon douloureux de mon oreille droite.
— Hé ! Franck ! Alors, ça y est, t’es remis du pot de ce midi ? Tu sais, personne n’a eu le cœur de te réveiller en partant, tu roupillais tellement bien ! me balança le revenant, comme si on venait de se quitter il y a quelques heures.
— Jean-Luc…, coassai-je, sous le coup d’une émotion terrible.
— Ça va ? Tu as vraiment une voix bizarre !
— Et comment, que ça va ! Si tu savais à quel point je suis heureux de t’entendre !
— Ouais, bien sûr. Au fait, qu’est-ce que tu veux ? J’allais sortir, là…
— Je sais. Pour aller fêter ça chez Luigi, n’est-ce pas ? lui dis-je.
Un bruit sourd tambourine à mes oreilles. Les pulsations de mon cœur tout neuf de jeune homme ! Avant qu’il ne puisse répondre, je rajoute cette phrase, qui coule délicieusement dans ma bouche :
— Je vous rejoins très vite. J’ai quelque chose à fêter, moi aussi. Quelque chose d’exceptionnel !
Un peu ...