1. Le Diable a parfois de si beaux yeux...


    Datte: 15/01/2018, Catégories: fh, fagée, cérébral, donjon, nonéro, historique, fantastiqu, sorcelleri, fantastiq, Auteur: Pierre Siorac, Source: Revebebe

    ... Hérode.
    
    Nous arrivions à la fin du repas. Elle se leva et planta son regard fascinant dans le mien.
    
    — Eh bien, Monsieur Siorac, permettez-moi d’user d’autres arguments afin de vous convaincre. Veuillez me suivre, s’il vous plaît.
    
    Je dois bien avouer que le magnétisme de ses yeux m’avait troublé un court instant. Mais des années de théâtre ainsi qu’une pratique assidue de la méditationchán me permirent de ne rien laisser paraître et de garder le contrôle de moi-même.
    
    — Je vais commencer par vous faire visiter ma demeure, et vous pourrez constater que les détails que je vous ai fournis sont bel et bien réels.
    
    Nous entrâmes dans la chambre.
    
    — Voici la pièce où s’est déroulé le dernier acte de votre histoire. Elle est bien telle que décrite, n’est-ce pas ?
    — Certes ; vous m’aviez envoyé des photos de bonne qualité.
    — Voici l’endroit exact où était enchaîné Pharamond de Merville. L’endroit où il finit par succomber à la tentation. Les chaînes sont encore scellées au mur.
    — Hum… Depuis quatre cents ans, je présume que la décoration a été refaite plusieurs fois.
    — La pièce a été restaurée, évidemment, mais tout est d’époque.
    — Je doute, hélas, que nous puissions effectuer les prélèvements d’ADN nécessaires.
    
    Elle ouvrit alors une armoire et en sortit un coffret de bois assez gros, fermé par un cadenas. Elle l’ouvrit et en extirpa… une tête de nain, parfaitement conservée, dont l’expression qui avait figé les traits dans ses derniers instants était bel et ...
    ... bien une expression de terreur. Malgré ma répulsion, je conservai mon calme et continuai d’une voix égale et ferme :
    
    — Ventre-à-terre, je présume…
    — Oui : le nain Ventre-à-terre qui a sottement accompagné Rose de Merville afin de délivrer son maître.
    — Hélas, Madame, la tête est trop bien conservée pour dater de quatre cents ans.
    — Prenez donc quelques cheveux de cette pauvre créature ; ils ne lui manqueront pas, et faites-les expertiser.
    — Pourquoi pas, après tout…
    — Suivez-moi.
    
    Nous descendîmes alors au sous-sol de l’hôtel particulier. Nous débouchâmes dans une splendide cave à vin totalement impropre à inspirer la terreur, si ce n’est aux buveurs d’eau et aux intégristes de la sécurité routière. La « comtesse » tourna une des bouteilles, et une porte secrète s’ouvrit, donnant sur un nouvel escalier que nous descendîmes également.
    
    — Les cachots et les oubliettes, Monsieur Siorac.
    — Fascinant, je l’admets. Mais cela ne prouve toujours rien.
    — Regardez donc au fond de celle-ci…
    
    Je regardai et vis avec effroi les os disloqués d’un squelette. L’existence de ce genre d’endroit est aujourd’hui connue de tous et inspire rarement la peur dans la mesure où nous avons coutume de penser qu’il s’agit de pratiques révolues depuis des siècles. Mais être face à la réalité, contempler les restes d’une des victimes de ces temps impitoyables, cela est différent.
    
    — Hum… Et que dois-je en penser ?
    — Il s’agit des restes de Rose de Merville, Monsieur Siorac.
    — Invérifiable, ...
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