1. Le Diable a parfois de si beaux yeux...


    Datte: 15/01/2018, Catégories: fh, fagée, cérébral, donjon, nonéro, historique, fantastiqu, sorcelleri, fantastiq, Auteur: Pierre Siorac, Source: Revebebe

    ... voulu et assumé par les propriétaires des lieux.
    
    Au bout de l’allée, j’aperçus un majordome tout habillé de blanc. Je m’approchai de lui et me présentai à nouveau. Il me fit signe de le suivre et m’introduisit dans un vestibule aux murs entièrement blancs qui lui aurait donné une apparence monacale, sans les gargouilles et autres statues de diablotins qui décoraient la pièce. J’entendis bientôt des bruits de talons résonnant sur le marbre du sol, et une femme infiniment belle, plus belle encore que sur les photos, apparut. Blonde, les cheveux descendant jusqu’aux épaules, des yeux bleus absolument limpides qu’un discret maquillage mettait magnifiquement en valeur, une peau très blanche, et un corps plutôt gracile mais aux formes parfaites que l’on devinait d’une vigueur assez inhabituelle chez ce genre de créature. Elle me tendit une main fine et délicate à baiser, ce que je fis maladroitement il faut dire, peu rompu à ce genre d’exercice que d’aucuns trouveront snob ou désuet, mais qui conserve dans de telles circonstances un charme délicieux.
    
    — Hortense Báthory, comtesse de Merville, se présenta-t-elle.
    — Pierre Siorac, écrivain, historien à ses heures, et déjà votre serviteur.
    — Je n’en doute pas, Monsieur Siorac. Allons, suivez-moi dans la salle à manger.
    
    Il va sans dire que le repas fut à la hauteur de la magie des lieux et de la splendeur de mon hôtesse. Mais je passe volontiers ces détails au lecteur, qui bien entendu s’intéresse plus au contenu de la ...
    ... conversation qui suivit qu’au festival de saveurs culinaires dont mon palais fut l’heureux bénéficiaire.
    
    — J’ai beaucoup aimé, Monsieur Siorac, la manière dont vous avez raconté mon histoire.
    — Ainsi, malgré les quatre cents ans qui nous séparent de ces événements, vous affirmez être la femme diabolique qui mit fin aux jours de la famille de Merville…
    — Oui. Et je sais que vous ne me croyez pas.
    — Vous m’avouerez que cela semble pour le moins assez incroyable !
    — Non, Monsieur Siorac ; ce n’est pas incroyable : c’est affligeant, hélas. Si vous aviez affirmé à Louis XIII qu’un jour nous enverrions des satellites autour de la Terre, il ne vous aurait pas cru.
    — Allons, Madame, vous ne pouvez comparer les évolutions de la science à travers les siècles et les rituels de magie noire qui font rire aujourd’hui même les enfants.
    — La magie est une science comme une autre, Monsieur Siorac. À la différence qu’elle confère une puissance illimitée à ceux qui la possèdent. Il vaut mieux alors en effet que les âmes simples ne la prennent pas trop au sérieux. Mais je suis surprise qu’un homme tel que vous…
    — Je ne crois ni à Dieu, ni à Diable, ni à la magie, à la sorcellerie et toutes ces billevesées ; mais qui sait… Faites apparaître un chat noir, ici, sur la table, et peut-être étudierai-je la question à nouveau.
    — Vous voilà donc comme le roi Hérode demandant au Christ de se fendre d’un « petit miracle ».
    — Sauf que vous n’êtes pas le Christ, Madame. Comme je ne suis pas ...
«1234...»