1. Le Diable a parfois de si beaux yeux...


    Datte: 15/01/2018, Catégories: fh, fagée, cérébral, donjon, nonéro, historique, fantastiqu, sorcelleri, fantastiq, Auteur: Pierre Siorac, Source: Revebebe

    Certains lecteurs m’ont écrit – quelques-uns par angoisse, d’autres par pure curiosité – afin de connaître la manière dont s’était déroulée la soirée que j’évoquais à la fin de mon dernier récit,Le cavalier noir. Cette histoire racontait le pourquoi de la disparition de la famille de Merville au XVIIème siècle, et la manière dont elle fut anéantie par la simple volonté de la dernière descendante de la comtesse Elizabeth Báthory.
    
    J’y expliquais en outre, dans l’épilogue, la façon dont les documents nécessaires à la rédaction de cette effroyable aventure m’étaient parvenus sur ma boîte mail, envoyés par une mystérieuse femme se faisant appeler Hortense Báthory, comtesse de Merville, dont la beauté était indéniable, si j’en croyais les photos qu’elle avait jointes à ses envois. Elle me donnait rendez-vous rue des Saints-Pères, en plein cœur de Paris, le 22 juin dernier, et j’avais conclu en expliquant que ne croyant pas au Diable, mais plutôt à une supercherie ou une de ces impostures trop courantes – hélas – dans le petit monde des chercheurs en histoires et légendes de toutes sortes, je m’y rendrais afin de percer les mystères de cette troublante personne.
    
    Je n’ai pas l’habitude de raconter ma vie, dont je dois confesser que, comparée à celles des fantômes de l’Histoire, l’intérêt est d’une sinistre banalité. Mais banale, cette soirée ne le fut pas ; et somme toute, il est probable que – outre le fait que j’y ai survécu – elle pourra intéresser quelques lecteurs ...
    ... curieux (comme je l’étais) d’aller jusqu’au bout de cette étrange légende…
    
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    Ce soir-là donc, je descendis à la station de métro « Saint-Germain-des-Prés », puis je remontai la rue, passant devant les célèbres « Deux-Magots » pour arriver quelques mètres plus loin dans la rue de mon rendez-vous. Je trouvai le numéro sans difficulté et sonnai à l’interphone. Une voix masculine qui devait être celle d’un gardien ou d’un domestique me répondit. Je me nommai et l’on m’ouvrit la porte.
    
    Je traversai une petite cour donnant sur un superbe jardin fleuri de roses et de lilas blancs. Pour la plupart des banlieusards et des touristes, Paris n’est plus qu’une ville de lumières au béton omniprésent et à la modernité tapageuse et vulgaire. Mais les initiés et les vrais amoureux de cette ville savent qu’elle recèle encore, au sein des hôtels particuliers, hélas (ou peut-être heureusement, qui sait) bien des trésors inaccessibles à la plupart des gens.
    
    Un peu partout dans ce jardin étaient disposées d’étranges statues de pierre représentant des gargouilles, des dragons, et toutes sortes de créatures merveilleuses et fantastiques. Ce mélange de fleurs magnifiques et d’œuvres plus ou moins gothiques créait une atmosphère à la fois envoûtante et inquiétante. L’ancienneté de cette décoration et son parfait entretien me firent cependant penser qu’il ne s’agissait nullement d’une mise en scène destinée à m’impressionner, mais d’un mode de vie, d’un « art de vivre » ...
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