1. Le Diable a parfois de si beaux yeux...


    Datte: 15/01/2018, Catégories: fh, fagée, cérébral, donjon, nonéro, historique, fantastiqu, sorcelleri, fantastiq, Auteur: Pierre Siorac, Source: Revebebe

    ... bien évidemment… comme toute votre histoire, Madame.
    — Et pourtant, si vous saviez le plaisir que cette sotte m’a procuré… Je venais la voir presque tous les jours pour entendre ses supplications. Elle avait faim, et soif. Et je l’ai forcée à s’avilir de la pire façon bien des fois, en échange d’un peu d’eau croupie ou de quelques restes de repas à l’origine destinés aux chiens. Je lui ai même promis de la libérer à condition qu’elle s’adonne à certaines pratiques solitaires devant mes yeux.
    — C’est tout à fait monstrueux !
    — N’est-ce pas…
    — Mais pour tout vous dire, Madame, je pense que tout cela n’est qu’un fantasme de votre part.
    — Je comprends. Alors, regardez au fond de cette oubliette, Monsieur Siorac. Regardez bien. Nous sommes en 1617 ; cela fait déjà deux mois que je tourmente cette traînée qui est ma prisonnière. Regardez… Regardez mieux… Oui, comme cela.
    
    Une indicible terreur s’empara alors de tout mon être : la pauvre Rose se tenait devant nous, recroquevillée au fond de sa prison, pleurant à fendre l’âme.
    
    — Regardez-la bien, Monsieur Siorac, et osez donc me dire que tout cela n’est pas vrai.
    
    Puis elle lança à l’adresse de la pauvre créature désespérée :
    
    — Lève les yeux, putain ! Regarde-nous !
    
    Et je vis Rose de Merville lever son regard vers nous, son joli visage creusé par les larmes qui ne cessaient de couler. Je détournai alors la tête, incapable de supporter cette vision terrifiante, lorsque je l’entendis dire à mon adresse :
    
    — ...
    ... Pharamond, je t’en supplie… Aide-moi… Je t’en conjure…
    
    Puis la forme s’estompa lentement, et je me retrouvai alors face au regard maléfique et triomphant d’Hortense Báthory de Merville. Le doute n’était plus possible.
    
    — Alors, Monsieur Siorac… Convaincu cette fois ?
    — Oui Madame, répondis-je d’une voix glacée qui ne semblait plus être la mienne. Mais… pourquoi donc la pauvre enfant m’a-t-elle appelé Pharamond ?
    — Parce que vous lui ressemblez trait pour trait, Monsieur Siorac. Et c’est pour cela que je vous ai envoyé les mails qui racontent cette histoire. Une manière subtile et agréable de me rappeler ce passé.
    — Hum… Dites-moi, Madame… Qu’est donc devenu Pharamond de Merville ?
    — Comme vous l’avez écrit, il m’a servie. Il est redevenu le cavalier noir et m’a abondamment fournie en jeunes femmes dont j’avais besoin pour assouvir certains de mes caprices.
    — Et ensuite ?
    — Ah, il a vieilli. Devenu une charge, je m’en suis débarrassée.
    
    D’un geste brusque, je poussai alors cette abominable femme qui tomba à son tour dans l’oubliette où Rose avait péri. Elle tomba au fond, sans se faire mal apparemment, mais elle me regarda ensuite avec un regard dans lequel je pus lire avec satisfaction une incompréhension totale.
    
    — Mais… qu’est-ce qu’il vous prend, Monsieur Siorac ?
    — Il me prend, Madame, que dans votre sentiment de toute-puissance vous n’aviez pas toutes les cartes en main. Vous êtes bien celle que vous prétendez être, je l’admets. Mais vous vous êtes lourdement ...
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