1. Les métamorphoses du Diable


    Datte: 29/04/2019, Catégories: historique, Humour fantastiqu, merveilleu, Auteur: Maître Secret, Source: Revebebe

    ... ce monde incertain où l’immense forêt primitive ne comptait que quelques déchirures, où l’étendue grandissante de bois et de plaines retournés à la friche laissait de vastes espaces à ces charmants petits génies. Surtout que cette plaisante faune n’avait cessé de s’enrichir au cours des derniers siècles.
    
    Les elfes, les fées, les sylphides et les nains, venus dans les bagages des peuplades germaniques, coexistaient maintenant avec les dryades et les chèvres-pieds qu’avaient introduits les légions romaines. Sans oublier loups-garous, feux follets ou autres gnomes et farfadets qui survivaient sur les débris de l’imaginaire celtique…
    
    Belzébuth s’était déjà éclipsé dans les bras d’une nymphe affamée, mais l’ombre d’Asmodée, Ashma Daêva, l’antique et superbe tentateur des Persans, l’attendait pensivement. En raison de la mission que ce dernier venait d’accomplir, son apparence était encore celle d’une femme.
    
    Une des plus belles qui soient !
    
    Cette situation l’avait ravi, car la jouissance des femmes lui semblait, au fil des siècles, incommensurablement plus riche et plus intense que celle des mâles. L’homme qu’Asmodée avait dû séduire était de modeste condition mais fort avenant, aussi beau que viril. Les trois années passées dans sa couche n’avaient rien eu de déplaisant pour l’ardente succube.
    
    C’était l’un des agréments propres aux anges. Même déchus, n’ayant pas de sexe certain, ils gardaient la faculté de s’incarner indifféremment dans l’un d’eux. Tour à tour ...
    ... incube ou succube, l’infinie palette des voluptés leur restait toute entière accessible. Un plaisir refusé à la plupart des dieux. Lucifer ne put s’interdire de se gausser de Mars ou de Thor se risquant à se métamorphoser en femme. Manquant à toute charité, il fit le pitre en les singeant ainsi affublés et cette plaisanterie fit naître un pauvre sourire sur les lèvres d’Asmodée…
    
    Mais la pitoyable diablesse restait bien triste d’avoir dû quitter son tendre époux. Elle ne pouvait s’empêcher de songer à sa douleur devant le corps sans vie de cette femme qu’il avait tant aimée, morte en donnant le jour à leur dernière fille. Elle s’était éprise de cet homme et, au surplus, il détestait mourir.
    
    Un moment de souffrance et de vulnérabilité qui le tordait de peur et d’angoisse. L’abandon d’une étoffe charnelle était toujours douloureux ; si coûteux en énergie qu’il lui faudrait encore des heures de torture pour retrouver la plénitude de ses forces vitales.
    
    Bien vite, satyres, nymphes et ondines font la ronde autour du beau jeune homme et de sa séduisante compagne. Quelle chance de ne pas être humain ! Lorsque les mortels succombent à leur ensorcelante beauté, ils se condamnent le plus souvent à la mort. Si les nymphes sont sans malice, les ondines se montrent fréquemment cruelles…
    
    Mais, sang de Dieu ! Qu’elles sont belles et désirables ! Sans oublier toutes les belles qu’il a entrevues lors de sa course fantastique et qui l’ont si bien échauffé. Lui qui n’a d’autre mission ...
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