Les métamorphoses du Diable
Datte: 29/04/2019,
Catégories:
historique,
Humour
fantastiqu,
merveilleu,
Auteur: Maître Secret, Source: Revebebe
... l’imaginer. Voilà longtemps, sans l’amour d’Éloa, il aurait certainement succombé à l’appel du mal.
Même Jésus n’avait pas réussi à fléchir son père. Qu’il fut Râ ou Yahweh, bien vite ce dernier l’avait abandonné à un cruel supplice quand il avait lancé son cri d’amour et de fraternité. Une nuit entière, en vain, dans la trompeuse douceur des oliviers, il l’avait supplié d’éloigner le terrible calice qu’il voyait s’approcher dans la lumière des torches.
Eli, Eli, lamma sabacthani ! Dieu, Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ! Son cri terrible était monté dans les cieux quand il avait compris que son inflexible père l’avait trahi. De ses larmes terrifiées était née la douce et sensible Éloa, le seul ange femelle qui ait voulu renoncer au salut de son âme pour devenir l’aimante amante de Satan.
Lucifer aimait beaucoup ce colosse joyeux, plein de force et de vitalité. Initié aux mystères de l’Égypte, il avait voulu restaurer les sagesses d’Abydos. Il avait voulu incarner avec tant de sincérité les désirs et les rêves humains qu’il en avait aimé la vie avec plus de force et de conviction que la plupart des mortels. Effrayés, les tristes prêtres du Sanhédrin ne le lui avaient jamais pardonné, refusant de voir le Messie dans un homme qui vivait si benoîtement avec la trop affectueuse Madeleine et quelques autres épouses.
D’ailleurs, dans les premiers temps, aucun Nazaréen n’avait condamné l’amour physique. Même Paul, fanatique transfuge sadducéen, le plus rigide et le plus ...
... dogmatique des apôtres, avait dû convenir que le culte d’Éros restait un préalable indispensable à de plus religieuses agapes.
Brisant avec cet enseignement venu du fond des âges, l’Église de Rome et sa sœur byzantine commençaient déjà de proscrire de son culte la moindre passion et la moindre fantaisie, la moindre humanité en somme.
Ni le dieu sans nom ni sa nouvelle Église ne pouvaient supporter que des hommes et des femmes s’aiment librement et totalement ; c’était autant de moments de liberté qu’ils leur volaient. En de tels instants, ils n’avaient plus besoin d’eux pour supporter la misère de leur condition. Ils s’évadaient intolérablement de la tutelle d’une Église qui, despote sans limites, n’avait de cesse que d’enfermer ses fidèles dans les rets enserrés de ses lois tyranniques.
Oh ! la plus perverse des ruses : leur avoir imposé les délices de l’amour pour aussitôt les leur interdire !
Comme sa course touchait à sa fin, il se prépare à faire halte dans l’épais bosquet où il a rendez-vous avec ses compères. L’endroit était sûr ; il y serait à l’abri des regards indiscrets pour endosser l’apparence de l’homme mûr et sage qu’il devait devenir. Pourvu que ses élèves aient toutes les qualités nécessaires.
Au milieu du bois, une clairière et une petite rivière faisaient un havre charmant. Dans les rayons de soleil qui striaient l’ombre des frondaisons, une demi-douzaine de nymphes et le même nombre d’ondines dansaient, légères et gracieuses. Il aimait bien ...