1. Les métamorphoses du Diable


    Datte: 29/04/2019, Catégories: historique, Humour fantastiqu, merveilleu, Auteur: Maître Secret, Source: Revebebe

    PROLOGUE
    
    LES MÉTAMORPHOSES DU DIABLE
    
    Superbe, cheveux longs et bouclés, visage d’Adonis, bottes, culottes et cotte de cuir rouge, Lucifer chemine le long du sentier, au pas vif de son coursier, un bai cavecé de noir, tout harnaché de lormeries d’argent. Patricien à l’élégance recherchée, paré de la beauté du Diable, il était passé, sous d’autres traits, par Byzance et par Rome où il venait d’exciter la rivalité des Pontifes. Un petit jeu facile mais dont il raffolait. Le soleil était doux et le ciel clément. Seul, un souffle vague émouvait parfois la cime vagabonde des arbres les plus hauts.
    
    Au loin, une cloche matutinale tintinnabulait son appel cristallin, carillonnant le début de la messe. Sur les mauvais chemins de terre qui couraient au village, les retardataires pressaient le pas, vaguement inquiets de se trouver en faute. Mais Satan était si beau dans ses atours de jeune patricien qu’en le croisant bien des paysannes prenaient le temps de lui couler un regard plein d’aveux et de promesses.
    
    Par deux fois, malgré ses exploits de la nuit précédente, il s’était surpris à trop longuement regarder un frais minois ou un cul bien tourné. Surtout, la petite blonde dont le vent venait de soulever la tunique. Jolies jambes, belles cuisses, chatte dorée et des fesses toutes rondes. La friponne avait bien senti son regard. D’un œil malicieux et rieur, elle lui avait fait comprendre qu’elle saurait s’attarder s’il brûlait de l’y inviter. Son sang n’avait fait qu’un ...
    ... tour, se précipitant vers son bas-ventre pour gonfler un phallus toujours prêt à damner les damoiselles à la trop chancelante vertu. Ah ! Quel bonheur d’être affranchi des infirmités physiques qui interdisent aux mortels de jouir sans trêve ni repos des joies de la bête à deux dos. Lui qui ne souffrait d’aucune limite, cent fois et plus il pouvait, sans faiblir, labourer tous les ventres qui s’offraient à sa convoitise. Hélas, en cet instant, ce charitable serviteur des belles dames n’avait guère de temps pour la baliverne. Il pressait sa monture, craignant d’être en retard au rendez-vous fixé par Asmodée, le plus beau de ses frères. Baal, dit Belzébuth, son vieil ami et complice, revenu d’un important voyage au fin fond l’Asie, une des pièces maîtresse de l’intrigue s’y tenait encore, serait là, lui aussi..
    
    La cloche sonnait toujours l’appel des fidèles et ce bruit détestable lui vrillait les tympans. Non qu’il fût incommodé par cet hommage à Dieu, lui, son plus ancien et fidèle adversaire, mais il supportait de moins en moins le tour terrifiant que prenait la religion chrétienne. Plein de compassion pour l’humanité souffrante, il s’affligeait de voir ces pauvres gueux, venus au temple - harassés de fatigue et de misère - n’arrêter leur pénible labeur que pour s’entendre agonir de péchés et de fautes. Offenses et malédictions, quelques prédicants fanatiques n’avaient de cesse de leur promettre qu’en ce bas monde ils n’endureraient jamais assez de peines et de souffrances pour ...
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