La police des activités virtuelles
Datte: 01/04/2019,
Catégories:
fh,
fhh,
Humour
policier,
sf,
Auteur: Gufti Shank, Source: Revebebe
... croyais. Je n’avais dès lors plus qu’un seul choix : fuir, disparaître. Changer d’identité ne me paraissait pas infaisable, et la ville était largement assez grande pour que je puisse me planquer le temps de me faire oublier.
Mais cela signifiait disparaître pour de vrai. Presque définitivement. Et qu’allais-je donc faire ? Tout changer, tout oublier. Dans quel but ? Qu’allais-je pouvoir faire de ma vie ? Et une idée s’était peu à peu imposée : rejoindre les gens que la PAV voulait m’envoyer espionner. Les rejoindre et prendre part à leurs actions.
Si je devais choisir un camp, ce serait celui-là. Qu’est-ce qui me retenait ? La famille ? Les amis ? Le boulot ? Non, rien du tout : je ne voyais ma famille qu’une fois par an, mes amis étaient aux quatre coins du globe et mon boulot n’avait rien de passionnant. Non, vraiment, rien ne me retenait. Là, au moins, j’aurais l’impression de faire quelque chose de bien, quelque chose en quoi je pouvais croire.
Mais m’accepteraient-ils ? Et comment les contacter ? Surtout pas de chez moi, mon PC devait être en traçage permanent. J’avais donc décidé de tenter de les joindre en pleine nuit, là où normalement j’avais le plus de chances de les trouver. Et de faire ça depuis un cyberpub, incognito, en usant de fausses identifications.
Je sortis de la douche, préparai vaguement un petit sac d’affaires auxquelles je tenais, pris avec moi tout l’argent dont je disposais, bus deux grands bols de café et me décidai à mettre les voiles ...
... pour de bon.
— Adieu, Tommy… fis-je avec un soupçon d’amertume.
Je partais car j’y étais forcé.
—Commande incorrecte.
Je souris.
— Aaaah, tu vas me manquer… Tommy, sas ! Tommy, alarme !
Je sortis rapidement, vérifiai qu’il n’y avait personne dans les couloirs puis me dirigeai vers les ascenseurs.
La ville est immense, et totalement impersonnelle. C’était tout à fait ce qu’il me fallait. Et j’en fus d’autant plus surpris d’être accosté à l’entrée du cyberpub que j’avais choisi. C’était une jeune femme, plutôt belle mais au look assez significatif. Et puis, à quatre ou cinq heures du mat’, qui donc peut hanter les faubourgs et les devantures de bars ? J’expliquai brièvement à la jeune femme que je n’avais pas besoin de ses services. Mais elle insistait, sans doute en manque de clients.
— Non, vraiment, lui fis-je, tranchant. Vous êtes charmante, mais j’ai autre chose à faire.
Son portable sonna, au fin fond de son sac. Tout en y fouillant, elle me répondit quelque chose, mais je n’y fis pas attention, m’engouffrant à l’intérieur de l’établissement. Je saluai d’un vague bonsoir les deux ou trois clients et le barman morose auquel je demandai un poste et un grand café.
J’étais en train de m’installer et d’enfiler la cyber-combi intégrale quand je le sentis m’apporter ma consommation.
— Merci, lui fis-je sans même le regarder.
Il posa son plateau à côté de moi.
— Je sais ce que vous allez faire, me fit une voix de femme, ce qui m’arracha un ...