Le démon habite en face
Datte: 27/03/2019,
Catégories:
fh,
voisins,
cérébral,
fantastiqu,
Auteur: Café-clope, Source: Revebebe
... préparer à manger.
Comme par hasard !
Un incident sur la ligne interrompt entièrement le trafic. Pas besoin de chercher bien loin la responsable de tout ça. Qui me dit qu’il y a vraiment un type qui s’est jeté sous les roues du métro ? D’ailleurs, qui de sensé le ferait ? Chaque fois qu’un incident de ce type arrive, c’est forcément elle. Qui d’autre ? Elle doit utiliser les mêmes recettes, chaque fois qu’elle change de proie.
Pourquoi moi ?
Je sors du métro, le nez empli de ses effluves. Je suis comme ivre, et marche vers chez moi sans y penser. Les quais de la Mégisserie seraient vides, que ce serait la même chose. Tout mon corps se souvient, du bout de mes doigts à la pointe de ma langue.
Rayonnement rouge, chaleur.
Ses yeux inquiétants à la fin des hostilités, comme le méchant au cinéma qui triomphe. Son sourire a dévoilé des dents trop parfaites.
Tout était de toute façon bien trop parfait. Les démons sont là pour nous tourmenter, c’est bien connu. Mais pourquoi moi ? Pourquoi ce choix ?
Pourquoi prendre l’apparence d’une si belle femme ?
Arrivé en bas de chez moi, je ne vois nulle part sa voiture. Parfait. Elle est sans doute encore au travail. Ou pas. C’est vrai. Pourquoi travaillerait-elle ? Ce n’est forcément qu’une couverture ! Si ça se trouve, elle se gare quelque part, plus loin, et attend de me voir passer pour aviser. Ou bien elle se dématérialise. Sans doute connaît-elle déjà les moindres recoins de mon appartement.
Je monte les ...
... escaliers le plus normalement possible, saluant le plus naturellement du monde le couple de petits vieux du deuxième. Qui sait s’ils ne sont pas de mèche ? Arrivé devant ma porte, une inquiétude m’étreint. Un malaise quasiment tangible. La sensation d’être observé. Depuis chez elle, sa porte étant juste en face de la mienne. Une sorte de picotement sur la nuque. Mais à mesure que j’approche ma clé de la serrure, sa présence devient de plus en plus prégnante.
Elle est là. Peut-être à deux mètres derrière la porte.
Elle me voit peut-être à travers le judas.
Je pousse la porte. Il fait sombre, mais a-t-elle besoin de lumière ? Son domaine, c’est les ténèbres ! Je hume, mais rien. Pas de trace de son parfum, ou de son shampooing. Rien. Elle a effacé toutes ses traces. Je rentre promptement chez moi, ferme verrou et serrure.
Je pose mes livres sur le meuble à chaussures, et commence à investiguer méthodiquement mon appartement, à la recherche d’une anomalie.
Rien. Enfin, rien de frappant. Impossible de me souvenir d’une telle multitude de détails. Rien à part quelque chose d’extrêmement curieux. Les couverts. Parmi les couverts que j’ai laissés à sécher, un couteau traîne au milieu des fourchettes. Putain, pourquoi elle a fait ça ? Inattention ? Non, il y a forcément un message. Qu’a-t-elle voulu me dire ?
Un grand BLANG dans l’entrée me tire de mes réflexions. Je me précipite. Les livres sont tombés. Je me précipite au judas : rien. Le palier est calme. Comme si ...