Le démon habite en face
Datte: 27/03/2019,
Catégories:
fh,
voisins,
cérébral,
fantastiqu,
Auteur: Café-clope, Source: Revebebe
Trois semaines.
Trois semaines qu’elle est arrivée.
Trois semaines d’enfer sans répit. Je suis dans mon salon, les volets tirés, et je me demande ce que je vais bien pouvoir faire. Tant qu’elle pense que je dors, tout va bien, elle ne tentera rien. Mais que faire ? Même pas une arme sous la main…
Quoique.
De toute façon, une arme classique sera-t-elle de la moindre utilité ? Cette vacherie doit être immunisée contre l’eau bénite, en plus. Et puis, et puis… peut-être qu’elle n’est pas chrétienne, alors du coup, tout ça, elle s’en fout ! Sa porte d’entrée claque. Elle s’en va au travail. Bien, je vais pouvoir y aller. Douche rapide, et je fonce vers le métro, un croissant dans la bouche.
Je ne sais quoi penser.
Sa longue chevelure noire est un piège, un piège mortel, c’est évident. Bien évidemment, elle a su me prendre à mes propres faiblesses. Elle rayonne dans le rouge. Pour m’exciter et me paralyser, tout à la fois.
La journée s’écoule comme un programme télévisé régional sur la production de chaises en paille de bambou camarguais ; ça avance mine de rien, sans qu’on y prête attention.
Son image m’obsède.
La tête rejetée en arrière, les jambes écartées, elle expose son impudeur ruisselante. Ses doigts s’amusent avec la promesse poisseuse qu’elle a tacitement formulée. Que m’est-il arrivé ? Comment ai-je fini de cette façon ? Le bruit de son souffle haché résonne dans mes oreilles, au milieu des bruits de clavier des opératrices de saisie. Suzy, ...
... à l’évidence, se demande ce que j’ai dans la tête. Non, tiens-toi à l’écart de tout ça, jolie petite. C’est une affaire assez glauque, et ton décolleté à peine sorti de l’adolescence n’y changera rien. L’espace d’un instant, je crois reconnaître son parfum au milieu des odeurs de transpiration, d’eau de toilette bon marché et de café. Merde. Les liasses arrivent. Dispatcher le travail, et vite. Je dois ressembler à un zombie.
Comme lorsque j’ai plongé entre ses jambes, sans vraiment y penser, ni comprendre ce que j’étais en train de faire.
L’heure de la sortie, moment célébré, comme à l’école. Putain, c’est pas dommage. Sur le clavier de Suzy, son gobelet de café, taché de rouge à lèvres.
Comme le verre de Jack que je lui avais servi, à elle. La voisine.
Je l’ai gardé tel quel, des jours durant. Le voir, le toucher me procurait des sensations que je n’avais jamais connues auparavant. Quelle horreur ! Si elle a ce pouvoir, combien d’autres en a-t-elle ? En rentrant, je fais un crochet par Saint-Michel. Je vais me chercher de la documentation. Démons, démonologie. Rituels de protection, magie blanche.
Une semaine pleine de salaire claquée en bouquins. Tant pis, l’enjeu est trop monstrueux. Une fois rentré chez moi, je m’efforcerai de dissimuler mes achats. Pas question qu’elle soupçonne quoi que ce soit si nous nous croisons dans l’escalier. C’est jouable, elle ne rentre pas avant un moment, en général, j’entends toujours sa porte lorsque je suis en train de me ...