1. Hôtel des femmes


    Datte: 24/03/2019, Catégories: f, ff, fff, religion, bizarre, hotel, douche, dispute, miroir, pied, jouet, fantastiqu, fantastiq, Auteur: Calpurnia, Source: Revebebe

    ... n’en ai parlé à personne, pas même à Nathy ! D’ailleurs, en parlant d’elle, va-t-elle me rejoindre ici après sa mort ?
    — Généralement, le tueur et sa victime ne sont pas réunis dans le même enfer. Désolée. Sauf dans un cas que je vous laisse découvrir par la méditation. D’autant que sa situation est très différente de la vôtre.
    — Mais en quoi ?
    — D’après ce que je vois dans son dossier personnel, quand ses jours seront terminés, elle ira dans un autre village où les conditions de détention sont beaucoup plus dures qu’ici, car elle a été l’instigatrice de plusieurs crimes alors que vous n’avez fait que vous laisser entraîner par elle, par amour et par aveuglement.
    — Je vois, dis-je tristement. Autre chose : y a-t-il un endroit où prendre un petit déjeuner ? Je meurs de faim.
    — Rassurez-vous : vous n’allez pas mourir de faim ni d’autre chose, d’une part parce que vous êtes déjà morte et qu’on ne peut mourir qu’une seule fois, d’autre part parce que la salle à manger vient d’ouvrir et que le petit déjeuner est servi. Comme nous sommes dimanche, il y a des croissants frais et des pains au chocolat. Bon appétit.
    
    Je me dirige vers le réfectoire quand elle me rappelle :
    
    — Ah, Mathilde, j’oubliais : j’ai le Presse Océan d’aujourd’hui où on parle de votre accident dans les pages des faits divers. Ça vous intéresse de connaître les conditions de votre décès ?
    — Bof… pourquoi revenir là-dessus ?
    — Comme vous voulez.
    
    Après le petit déjeuner, je change d’avis et je ...
    ... demande à lire le journal où les circonstances de l’accident sont détaillées. Il y a même une photo de ce qu’il reste de ma voiture. Devant cette image, je fonds en larmes. Je n’entends pas la jeune femme pâle arriver derrière moi. Elle caresse tendrement mes cheveux pour me consoler. Comme Nathy en avait l’habitude.
    
    oOo
    
    L’église sonne trois heures du matin. Les insomnies qui me tourmentaient du temps où j’étais vivante continuent à me tourmenter. Je n’ai aucun souvenir de l’accident de voiture qui m’a ôté la vie, mais celles de Nathy, ma compagne chérie, repassent en boucle dans ma tête alors que mes yeux fixent le plafond. J’ai trop chaud et transpire sous ma chemise de nuit, car l’hôtel est trop chauffé. Sans doute est-ce normal de souffrir de la chaleur en enfer. Je pense aux jeux érotiques que nous pratiquions toutes deux, et pense à Daphné et Nathy qui doivent partager le même lit ; peut-être même, à l’heure qu’il est, échangent-elles des blandices en évoquant leur crime. Malgré moi, ma haine m’empêche de respirer librement comme les tentacules d’une pieuvre étranglent sa proie sous l’eau. Il faudrait que j’aille faire pipi.
    
    Je me lève et quitte ma chambre pour me rendre aux toilettes qui sont au bout du couloir, sur la pointe des pieds pour ne réveiller personne. En chemin, je change d’avis. Mon sexe et les jouets coquins du salon libertin m’appellent. Je descends les marches et entre dans la vaste pièce éclairée par la lune à travers les carreaux. Mes yeux habitués ...
«12...111213...19»