1. Marcel


    Datte: 10/03/2019, Catégories: hhh, jeunes, copains, bain, campagne, caférestau, amour, cérébral, hsodo, historique, init, Auteur: Claude71, Source: Revebebe

    ... mon père est mort à la guerre.
    — Oh ! Excuse alors.
    — J’le connaissais pas, y’a pas à t’excuser, comme ça j’aurai pas à faire mon service. Dommage, j’aurais pu en profiter pour baiser de beaux mecs.
    — Déconne pas ! À la caserne, ils peuvent rien faire. Y’a qu’au bordel que t’en trouves ou encore dans certains bars.
    — Comment tu sais qu’ils aiment les mecs ?
    — Le regard mon pote, le regard. Tu fixes un type et tu attends. S’il baisse les yeux ou tourne la tête, t’insistes un peu. S’il ne vient pas te casser la gueule et qu’il te fixe aussi tu peux tenter ta chance.
    — C’est risqué ton truc !
    — Non, pas trop, faut courir vite !
    
    Jules riait de bon cœur devant la mine déconfite de Marcel. Il lui expliqua qu’en fait, il fallait tenter sa chance avec prudence dans les bars mais que le mieux, pour rencontrer des mecs, c’était les lieux de drague comme les Tuileries ou les bords de la Marne.
    
    Dans l’après-midi, ils se promenèrent et Jules invita Marcel à la Foire du Trône. Ils mangèrent des gaufres, gagnèrent un petit ours en peluche au tir à la carabine. Jules l’offrit à Marcel. Le soir approchait et Marcel ne voulait pas rentrer trop tard. Demain, il devrait se lever tôt pour être à l’heure à Conflans. Jules lui proposa de passer encore cette nuit avec lui. Marcel accepta avec joie et comme ils étaient dans une ruelle déserte, ils s’embrassèrent.
    
    Leur dernière nuit, ensemble, fut un festival. Cette fois, Jules prit Marcel. Avec beaucoup de tendresse, il le ...
    ... déflora. Ce fut l’apothéose des sens. Le lendemain, ils se dirent adieu, tendrement, et Jules accompagna Marcel jusqu’à la gare.
    
    Ainsi se terminait cette belle aventure. Tout le monde n’a pas la chance de rencontrer un amant attentif pour sa première fois. Marcel en était conscient et, dans le train qui l’emmenait à Conflans, il serrait son petit ours, seul souvenir qui le relierait à Jules pendant longtemps.
    
    Dans les années qui suivirent, Marcel eut de nombreux partenaires. Il était beau garçon et attirait le regard des femmes, mais aussi celui des hommes, ce qui l’intéressait évidemment beaucoup plus. La drague marchait bien mais ce n’était pas toujours facile de trouver un endroit tranquille pour consommer. C’étaient des plans à la sauvette qui ne le satisfaisaient pas. Il aimait prendre son temps.
    
    Il rencontrait ses amants occasionnels dans les bars, le plus souvent à proximité des chemins de halage, quand La Jeanne s’arrêtait pour la nuit. Un buisson, un fourré abritaient ces ébats furtifs, mais quand un mec plaisait à Marcel, il l’emmenait sur la péniche, dans sa cabine éloignée de celle de ses patrons. Il veillait à ce que son compagnon d’un soir quitte La Jeanne avant l’aube. La nuit précédant son renvoi, il s’était fait surprendre en pleine action par le Père Mathieu, qui pour une fois ne dormait pas.
    
    Il errait maintenant depuis deux jours. La première journée, il faisait beau et il passa la nuit dans un petit bois. Le lendemain, il fut réveillé par la pluie. ...