1. L'exposition


    Datte: 22/02/2018, Catégories: fh, amour, dispute, cérébral, rasage, nonéro, amourpass, consoler, lieuxpubl, Auteur: Isilwen, Source: Revebebe

    ... pianos qu’elle avait aperçus.
    
    Elle repensa aussi à l’éblouissement qu’elle avait ressenti en découvrant l’art de Raphaël à manier la roche. Elle avait été séduite et flattée d’être le centre de son œuvre. Quand il l’avait dévêtue, elle avait été troublée à l’idée de faire l’amour avec l’artiste, déflorant l’exposition la première, honorée de l’être.
    
    Puis la colère. Une colère lente et sourde, qui montait avec une force effrayante et qu’elle s’obligeait à contenir dans un barrage qu’elle ferait céder avec la même brutalité que celle dont usait Raphaël. Ah ! Il pouvait être doux, rassurant même ! Il n’en allait pas moins la montrer, l’exposer comme un bout de viande ! Quoi ? La démembrer pour ses sculptures ne lui avait pas suffi ? Quand il la tenait entre ses mains, c’était donc pour prendre ses mesures, avant de décider de combien de mètres cubes de roche il aurait besoin ? Et s’être imprégné d’elle à ce point n’avait pas contenté son égo ?Quelle adorable pensée que celle d’avoir recouvert mon visage… Mais à ce compte-là, tu aurais dû ouvrir mes cuisses, me mettre par terre, avec un écriteau : servez-vous !
    
    Marion était furieuse contre lui, et plus encore après elle. Comment avait-elle pu trouver de la poésie dans ses caresses, dans ses mots, comment avait-elle cru un seul instant que sa missive était empreinte d’affection, d’un désir de pardon tendre et digne ?
    
    Les pas de son gantier, qui revenait vers le socle où il l’avait laissée, s’arrêtèrent juste devant ...
    ... elle, au pied de l’estrade.
    
    — Rachmaninov sera ton écrin. Le veux-tu ? demanda-t-il avant d’effleurer sa joue de sa main gantée tandis que les lumières qui les avaient accueillis baissaient avant l’entrée du public.
    
    D’un mouvement vif Marion se recula, enfila maladroitement sa robe et descendit tout en luttant pour enlever le collier. Elle allait lui dire le fond de sa pensée face à cette mascarade. Avec une grande tristesse, Raphaël l’arrêta d’un geste très doux :
    
    — Le bijou que tu portes ne t’enferme pas plus que ma volonté. L’estrade ne sera illuminée qu’au quatrième mouvement. Tu peux t’en aller, si tu le souhaites.
    
    Il détourna son regard, luttant contre les larmes alors que les portes venaient de s’ouvrir. Les pianistes avaient attaqué le premier mouvement« alla marcia », les notes et le public se répandaient aussi vite dans la salle d’exposition, virevoltant ou tournant autour de la première rangée d’œuvres qui venait d’être mise en lumière. Marion reconnut instantanément la suite n° 2 pour deux pianos, un morceau joyeux, vif, brillant, enlevé, dont elle raffolait et dont elle connaissait la moindre variation. La musique la surprit : Raphaël n’avait de toute évidence rien laissé au hasard, que signifiait ce choix d’une fusion presque parfaite entre les deux… instruments ?
    
    Le public évoluait dans le premier cercle, guidé par la virtuosité des pianistes. Figés dans la blancheur calcaire, les pieds de la muse de l’artiste s’étiraient sur leurs pointes tout à ...
«12...101112...»