1. L'exposition


    Datte: 22/02/2018, Catégories: fh, amour, dispute, cérébral, rasage, nonéro, amourpass, consoler, lieuxpubl, Auteur: Isilwen, Source: Revebebe

    ... prit une grande inspiration en ouvrant à demi la porte, soucieux que les regards curieux du public ne s’y infiltrent pas. Il fit passer Marion la première et se coula derrière elle. Marion resta plantée à l’entrée, le souffle coupé. Raphaël passa doucement à son côté :
    
    — Vois qui tu es pour moi, dit-il en ouvrant et balayant du bras son exposition.
    
    Elle ne répondit pas, muette de surprise. Alors, il entreprit de la pousser doucement, avec tendresse, dans la pièce plongée dans une semi-obscurité. Leurs pas étaient lents et coordonnés comme lors du tango, deux ombres glissant ensemble dans le clair-obscur entre les sculptures, miroirs flatteurs mais morcelés de Marion. Les socles disposés en arc de cercle donnaient à la jeune femme une impression de vagues d’écho, d’ondes de résonance à partir de celui, très grand et très vide, nota-t-elle, qui occupait le fond de la salle. S’en rapprochant, elle reconnut que ce n’était pas un socle, mais une pyramide de satin noir, dont le sommet tronqué en faisait un piédestal. Ils en rejoignirent le sommet par un petit escalier dérobé entouré de tentures noires opaques.
    
    De là, Marion contemplait avec une langueur confuse ses propres formes, sa propre académie, inscrite en ces roches merveilleusement taillées, dont le polissage parfait reflétait les dorures des mécanismes des pianos disposés de part et d’autre de l’estrade. Raphaël déposa un baiser sur son épaule, au creux de son cou, humant encore une fois son parfum si délicat à la ...
    ... base de ses cheveux.
    
    — Fais-moi confiance, dit-il en commençant à faire glisser les bretelles de sa robe.
    
    Elle entendait les mots de son amant, elle sentait ses gestes, mais elle était trop absorbée par les œuvres pour faire le moindre mouvement.
    
    — Le voile cachera une grande partie de ton visage. Il n’y aura pas de photographes, mais je veux être sûr que personne ne te reconnaisse, dit-il en achevant de la dévêtir.
    
    Que cette phrase lui paraissait étrange… photographe ? cacher son visage ? Rien n’avait de sens. Le sculpteur la drapa dans une étoffe noire et, la guidant de ses mains, fléchissant avec elle ses jambes, il la conduisit jusqu’à ce qu’ils soient tous deux à genoux. Surprise, puis décontenancée lorsqu’elle avait senti le tissu l’envelopper, elle dégagea la main que Raphaël avait saisie pour la placer selon son souhait.
    
    — Fais-moi confiance…
    
    Elle rassembla le drapé sur elle, prise dans une vague de froide tristesse teintée de déception. Elle se refusait à prononcer le moindre mot. Comment lui exprimer la boule qui venait de se former dans sa gorge, à l’étouffer ? Elle se sentait stupide, pétrifiée à nouveau, comme lorsqu’il l’avait bousculée dans les escaliers…
    
    Le sculpteur effleura rapidement son dos de sa main gantée avant de se dégager à regret. Il se dirigea vers la porte à grandes enjambées, et l’entrouvrit une nouvelle fois. Marion vit deux hommes en costume entrer, des partitions à la main. Elle ferma les yeux. Elle repensa alors aux deux ...
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