1. Jésus, Marie, Joseph ! (Les affres d'un calotin)


    Datte: 07/03/2019, Catégories: fh, hh, hbi, Auteur: Domi Dupon, Source: Revebebe

    ... d’amants, nombre de bâtards, mais jamais elle ne convola en justes épousailles. Oblitérant sa vie dissolue, la légende familiale retint uniquement que les Chancrecreux étaient les descendants du vainqueur de Marignan.
    
    Pingre ou prévoyante, elle économisa suffisamment sur sa rente pour qu’à la mort du roi, elle puisse acquérir quelques hectares de terre arable et faire construire sinon un château du moins un hôtel particulier qui resta dans la famille jusqu’à ce que ces malotrus de révolutionnaires aient la mauvaise idée de le piller avant de le faire brûler. Le titre, ainsi que la particule, disparurent avec l’incendie. Il ne faisait pas bon être noble en cette fin de XVIIIe siècle. La particule réapparut à l’époque napoléonienne en même temps que l’absolue nécessité de travailler. Le quadrisaïeul de notre héros (?), Anthelme-Marie de Chancrecreux acheta une charge de notaire. Charge qu’occupait aujourd’hui Gabriel-Marie depuis deux ans, suite au décès de son père Auguste-Marie.
    
    Une charge qu’il trouvait pesante. Il n’avait pas choisi. Le notariat ne l’intéressait pas, mais alors pas du tout. Il voulait entrer dans les ordres, mieux, rejoindre un monastère pour méditer tout son saoul. Quand on avait la chance de naître « de Chancrecreux », on ne discutait pas. Eût-il eu un frère que, peut-être… Mais il était venu sur le tard, comme on disait à l’époque et il n’avait pas eu cette chance. Donc notaire, il devait être, notaire, il fut.
    
    Il ne fallait pas croire pour ...
    ... autant que Gabriel-Marie fut un benêt attardé. Il avait fait ses humanités chez les Chartreux dans la bonne ville de Lyon. Les camarades qu’ils fréquentaient étaient de grands baiseurs et de grands buveurs devant l’éternel. S’il les accompagnait dans leurs libations alcoolisées, les filles ne l’intéressaient pas. Pas plus que les garçons d’ailleurs – un sodomite ! En ce début des années 60, rien que d’y penser eût été un péché mortel pour ce bon catholique. Aux filles, il préférait les livres et la méditation. Son baccalauréat en poche, il poursuivit ses études à la catho de Lyon d’où il sortit aussi puceau qu’il y était entré. Puis il rejoignit l’étude de papa, d’abord comme clerc durant ses vacances puis comme notaire associé.
    
    À 25 ans, il n’avait toujours pas connu de fille et ses parents commencèrent à s’inquiéter. Il fallait penser à la perpétuation de la lignée. Lignée ininterrompue depuis le XVIe siècle malgré les guerres, révolutions et autres avatars. Devant l’inertie de son jouvenceau de fils, Auguste-Marie chargea son épouse Marie-Élisabeth, née Eatpussy, bonne catholique écossaise (Auguste-Marie l’avait rencontrée à Londres alors qu’il guerroyait contre les nazis) de trouver la mère de leurs futurs petits-enfants.
    
    Marie-Élisabeth entama ses consultations auprès de la noblesse locale, puis régionale, voire nationale, c’est vous dire la difficulté de la chose. Dans les partis auxquels il pouvait prétendre, les jeunes filles catholiques à marier se révélaient une ...
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