1. Histoire des libertines (27) : Ninon de Lenclos, la courtisane intellectuelle.


    Datte: 02/03/2019, Catégories: Dans la zone rouge, Auteur: Olga T, Source: Hds

    ... XVIIIe siècles français.
    
    Tous les jours à cinq heures, elle recevait tout ce que la France comptait de personnalités les plus marquantes. Celles de la Cour entre autre Philippe d’Orléans, grand débauché, dont la mère la princesse Palatine se réjouissait de le voir fréquenter le droit chemin et les bonnes manières. Même les dames lui trouvèrent du mérite, de la tenue et les plus nobles sentiments de cœur. Elle a le don de la conversation: elle sait écouter, animer et relancer les débats, éviter les médisances et les prises de positions catégoriques. Elle interdit que l’on parle politique ou religion.
    
    Parmi les invités des salons de Ninon, on notait surtout des hommes, parmi lesquels, liste non exhaustive, le philosophe Fontenelle, François de la Rochefoucauld, le poète Paul Scarron (le 1er mari de Mme de Maintenon), le compositeur Jean-Baptiste Lully, Jean de La Fontaine, Philippe d'Orléans, futur régent de France, Roger de Rabutin, comte de Bussy, le peintre Nicolas Mignard dont elle fut un modèle, Charleval, fils de Madame de Longueville, Jean Racine (et sa maîtresse la Champmeslé), François III Dusson, seigneur de Bonrepaus et commissaire de la Marine, Nicolas Boileau, Condé, Henri de Sévigné, mari de Madame de Sévigné, puis leur fils Charles de Sévigné (les deux Sévigné, père et fils, furent les amants de Ninon).
    
    Il y avait aussi de nombreuses femmes, parmi lesquelles la Princesse Palatine, épouse du Duc d’Orléans ou encore Françoise d’Aubigné, la Veuve ...
    ... Scarron, future Mme de Maintenon.
    
    Grand amateur de sagesse, Louis XIV se préoccupait souvent, par personne interposée, de l'opinion de Ninon. Il semblerait en effet que Mme de Maintenon ait ménagé un entretien entre le roi et Ninon. Selon Mme de Montespan, Louis XIV se serait caché dans un placard des appartements de Mme de Maintenon à Versailles lors d'une entrevue entre les deux femmes. Ninon aurait critiqué l'étiquette de la cour et se serait efforcée de convaincre son amie de retourner à Paris où elle serait à nouveau entourée « de ces esprits délicats et sinueux habités à applaudir ses plaisantes histoires et sa conversation brillante. » Louis XIV serait alors finalement sorti de sa cachette, lui reprochant d'un ton badin de vouloir le priver de sa maîtresse...
    
    Quelques mois avant son décès, à près de 85 ans, elle se fit présenter le jeune Arouet, le futur Voltaire, alors âgé d'environ 11 ans et élève du collège jésuite Louis-le-Grand de Paris. Dans son testament, elle lui légua 2 000 livres tournois pour qu'il pût s'acheter des livres.
    
    Son salon est un endroit à la mode, connu dans toute l’Europe et où il faut être vu ! On intrigue pour y être reçu. On le maudit quand on y est refusé. On y fait de la musique, on commente l’actualité de la Cour et des arts, on y philosophe et on y « assassine avec la langue », comme dit si joliment Scarron. C’est le lieu stratégique où s’élabore l’opinion publique du XVIIème siècle. La philosophie des Lumières sortira des salons pour ...
«12...789...»