1. Histoire des libertines (27) : Ninon de Lenclos, la courtisane intellectuelle.


    Datte: 02/03/2019, Catégories: Dans la zone rouge, Auteur: Olga T, Source: Hds

    Anne « Ninon » de Lenclos (1620-1705) est une courtisane et femme de lettres. Scandaleuse, indépendante, cultivée, douée d’un grand esprit de répartie, faisant partie du cercle des Précieuses, Ninon, cette épicurienne moderne, fut sans doute la plus célèbre des courtisanes de Paris. Lettrée mais non imbue de son savoir. Possédant la beauté mais aussi l’esprit, brillamment cultivée, musicienne et danseuse à ses heures, maîtrisant l’italien et l’espagnol, tout en étant versée en sciences, Ninon de Lenclos sut se forger une philosophie épicurienne parfaitement accordée à ses idées et à son mode de vie. Elle ne cachait pas son athéisme à une époque où cela n’était pas imaginable.
    
    Tous s’accordèrent à louer son esprit et sa beauté. Sa taille était élégante et parfaite. Son teint blanc, où deux yeux d’un noir velouté étaient “ceux de la décence, de l’amour de la raison et de la volupté”. On apprécie la grâce de ses gestes. Mais elle a surtout les qualités d’une femme d’esprit. Elle vouait un véritable culte à l’intelligence et acquit une culture déjà très vaste au contact de différentes brillantes personnalités. Ninon de Lenclos symbolise avant tout, le courant sceptique et libertin qui, apparu en force sous le règne de Louis XIV, s’épanouira au siècle des Lumières.
    
    D’autres femmes de lettres figureront dans cette rubrique des grandes libertines, comme Madame de Staël, Georges Sand, Colette, Renée Vivien, Anaïs Nin ou Simone de Beauvoir.
    
    LES DEBUTS D’UNE INGENUE
    
    Fille ...
    ... d’Henri de Lanclos, gentilhomme tourangeau libertin et de Marie-Barbe de la Marche, elle se révèle une enfant prodige au luth, qui citait Montaigne et les grands classiques et qui fut promenée par sa mère bigote de salon en salon, où elle faisait sensation. Plus tard, elle apprit le clavecin.
    
    Elle a une dizaine d’années lorsque son père, pris dans une sombre histoire d’adultère, assassine Louis de Chabans, sieur du Maine, gentilhomme ordinaire de la Chambre, Conseiller d’Etat, gouverneur de Sainte-Foy et général d’artillerie de la Sérénissime de Venise.
    
    Une vilaine affaire qui ruina définitivement la réputation des de l’Enclos. Henri fuit Paris, il va se cacher durant plus de 16 ans dans le Dauphiné et Ninon va pleurer ce père, recherché et jamais retrouvé par la justice du roi. Ce malheureux épisode n’arrangera guère le caractère de sa mère qui, elle aussi, pleura beaucoup sur sa honte et sa ruine en égrenant son chapelet dans son logis vidé par les saisies judiciaires.
    
    Les années passent et voici que Ninon a quinze ans. A son adolescence, Ninon refuse de cacher sa gorge. Les jeunes damoiseaux se regroupent autour d’elle jusqu’à ce qu’elle se laisse courtiser par un jeune et beau vicomte perfide, qui en profite : c’est sous le respectable prétexte du mariage que s’introduisit Charles Beaumont de Saint-Etienne chez les dames Lenclos. Les chroniques de l’époque affirmèrent qu’il abusa d’elle. Toujours est-il qu’il s’éclipsa aussi vite.
    
    Le scénario se renouvela avec ...
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