1. La couleur des extrêmes


    Datte: 24/02/2019, Catégories: fh, hsoumis, fdomine, historique, policier, Auteur: Claude Pessac, Source: Revebebe

    ... la saisissant par la taille, il la soulève comme un fétu de paille, la porte au-devant des ses lèvres et la bâillonne d’un baiser. La pauvrette grogne quelques instants encore avant de s’abandonner avec délices. Passant les bras autour du cou de l’homme, les jambes autour de sa taille, elle lui rend son baiser, en rajoute une bonne mesure, l’essouffle tant et bien. Mais quand ses lèvres quittent la bouche aimée, c’est encore pour gourmander le coquin :
    
    — Tu préfères donc la compagnie du très savant et très onctueux Révérend pour passer tes journées et tes nuits loin de moi !
    
    Les gros yeux écarquillés que lui adresse Arbogast à cet instant l’alarment. La pauvrette se dévisse le cou pour scruter la pièce.
    
    — Le très savant et très onctueux Révérend vous salue bien !
    
    La voix profonde du moine provient de l’entrée. Sylvette était si pressée de retrouver son galant qu’elle est passée à côté du religieux assis dans l’ombre sans même le voir. Embarrassée, elle se détache vivement d’Arbogast, ferme vivement les pans de sa pèlerine et bredouille quelques excuses confuses en esquissant une révérence maladroite.
    
    — Allons donc, notre coquine perd ses moyens !
    
    La voix du révérend est moqueuse, amusée.
    
    — Il me semble que cette garcette a sacré caractère, ajoute-t-il à l’adresse du géant qui subit les regards incendiaires de sa compagne. Aussi grand que tu sois, veille à ne point te laisser mener par le bout du nez par cette petite !
    
    Petite, petite, Sylvette en a ...
    ... assez de tous ces gens qui la traitent de « petite ». Elle n’est certes pas épaisse et semble disparaître dans sa pèlerine trop longue, mais elle est plus grande néanmoins que la plupart de ses contemporaines.
    
    — La « petite » vous salue, Mon Père, rétorque-t-elle à haute et intelligible voix cette fois.
    — Quand je parlais de caractère ! Il ne lui faut guère de temps pour retrouver son aplomb, conclut le moine en s’approchant du couple.
    
    Conciliant, Augustus calme le jeu et explique à Sylvette :
    
    — Arbogast m’est précieux en ces temps où il me faut démêler l’écheveau d’un bien étrange mystère…
    — Et vos recherches progressent-elles ? demande la jeune femme avec un petit mouvement de tête qui trahit son impatience.
    — Elles progressent ! Certes pas aussi vite que je le voudrais, mais elles progressent. Pour autant, j’aurais besoin que tu me prêtes encore ce gaillard quelques jours… Nous avons bien des points à éclaircir encore…
    — J’imagine que vous souhaitez retrouver le coupable pour bien le récompenser de son haut fait, ironise Sylvette.
    
    Augustus feint d’être choqué :
    
    — Est-ce là remarque charitable de la part d’une bonne chrétienne ? Mais passons… Je dois bien avouer que le plus important pour moi est de comprendre ! Comprendre comment l’assassin s’y est pris pour entrer dans la chambre du Comte sans être vu par exemple…
    — Voilà qui n’est pas bien sorcier, ironise Sylvette. Déguisé en serviteur, il a eu tout le temps de le faire, la garde est relâchée en journée. ...
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