La couleur des extrêmes
Datte: 24/02/2019,
Catégories:
fh,
hsoumis,
fdomine,
historique,
policier,
Auteur: Claude Pessac, Source: Revebebe
... s’acharne sur le corps de l’homme qui se tortille comme un ver au sol mais ne fait rien pour échapper à ses coups.
Inge est brisée, anéantie, écœurée par tant de veulerie. Abandonnant sa cravache sur le sol, elle quitte la pièce en se débarrassant de son plastron, dans les escaliers, elle défait les lanières de ses sandales et les envoie voler à grands coups de pieds rageurs. Inge court vers sa chambre, nue, échevelée, nauséeuse. Ouvrant la porte à toute volée, elle court encore et se jette dans le baquet où elle a pris ses ablutions une heure avant. L’eau déjà est glacée, lui coupe le souffle mais la réconforte.
Saisissant le crin, Inge se frotte vigoureusement, bénit le savon du bossu qui sent fort, trop fort, assez fort heureusement pour dissiper sa nausée, l’odeur de honte qui a envahi son corps tout entier. Le savon la brûle, lui pique le nez et les yeux, mais les larmes qui inondent son visage n’ont que son désespoir pour origine. Inge se sent sale au plus profond d’elle-même, au plus sombre de son âme. L’image des trois soudards est revenue la hanter, elle se sent aussi coupable qu’eux, aussi animale, aussi bestiale. Acharnée, démente, Inge se savonne, use le crin sur sa peau, sur son sexe souillé.
Une petite main se pose sur son bras, ralentit ses gestes déments. Au travers de ses larmes, Inge a la vision brouillée du visage inquiet de son amie. Doucement, Natala lui prend le gant de crin, lui caresse le visage. La jeune fille la rince avec la louche et ...
... l’eau d’un broc, la sèche ensuite en tamponnant son corps grelottant avec un tissu doux. Lui tendant la main, Natala l’aide à sortir du baquet et la conduit au châlit, la presse de s’allonger. La prenant dans ses bras, la jeune fille la serre contre elle, la réchauffe, la calme.
— Ce n’est pas toi le monstre, c’est lui ! Ce n’est pas toi qui es mauvaise, c’est lui qui gâte tout ce qu’il touche, tout ce qu’il approche. Qu’il soit maudit !
Plongeant son regard triste dans les yeux de Natala, Inge souffle, d’une voix presque inaudible, rauque mais terriblement définitive :
— Qu’il crève !
oooOOOooo
— Maraud, te voilà enfin !
Arbogast sourit. Il vient à peine de rentrer chez lui, a juste eu le temps d’allumer une chandelle, de garnir l’âtre de fagots que la rusée s’est déjà glissée en son logis.
— Et quand donc serais-tu venu me voir ?
Campée au milieu de la pièce, Sylvette, les poings sur les hanches, joue la bravache ! Mais si sa mine est sévère, ses yeux pétillants trahissent son véritable état d’esprit : la coquine est réjouie de retrouver son amoureux. Simplement veut-elle lui faire comprendre combien lui a pesé son absence. Arbogast ne s’y trompe pas et lâche, faussement indifférent :
— Par ma foi, je n’osais te déranger, je serai allé te saluer demain matin…
La ruse prend et la jeune femme, simulant une énorme colère, se jette sur lui et lui tambourine le poitrail avec ses deux poings. Arbogast s’en amuse, la laisse faire quelques instants, puis, ...