La couleur des extrêmes
Datte: 24/02/2019,
Catégories:
fh,
hsoumis,
fdomine,
historique,
policier,
Auteur: Claude Pessac, Source: Revebebe
... châtiés ! »
Vu son état, la malheureuse n’aurait pas dû survivre au-delà du jour de Marie. Aussi, le Prévôt avait-il fait défiler l’après-midi même toute la soldatesque des environs au chevet de la mourante. Par trois fois, la jeune fille avait réagi, esquissant un faible geste pour désigner ses tortionnaires. Soumis à la question, les reîtres avaient avoué et leur douloureux châtiment avait quelque peu rasséréné les esprits.
Contre toute attente, Inge avait survécu. Tous les rebouteux et guérisseuses du Comté l’avaient abreuvée de potions et ointe d’onguents mystérieux. Lentement, la jeune fille s’était remise. Apitoyées par son sort, plusieurs nobles dames, qui l’avaient visitée régulièrement au cours de sa convalescence, avaient proposé de l’accueillir chez elles. Mais Braunstein avait tenu à la garder à son service, flairant que l’action serait flatteuse pour son image.
Inge s’était donc remise sur pied, tous criaient au miracle et les Actions de grâce à la Vierge s’étaient succédé. Inge, toutefois, ne partageait pas cette ferveur et cet enthousiasme. Certes, elle était vivante, marchait et vaquait à ses tâches sans souci, mais la jeune fille s’était aperçue, notamment, que son intimité dévastée et meurtrie ne lui procurerait plus désormais aucune forme de plaisir. Son corps, désormais insensible, ne lui apparaissait plus qu’une enveloppe, certes jolie et agréable, mais sans valeur aucune pour elle. Courageuse, elle décida que « si aucun homme ne pouvait plus ...
... lui donner de plaisir désormais, aucun non plus ne pourrait la faire souffrir. »
Aussi, quand un soir, Braunstein eut à son encontre quelques gestes déplacés, la pauvrette se laissa faire, parfaitement indifférente à ce qu’il pourrait lui faire subir, mais consciente de ce que cette docilité pourrait lui apporter. Bien qu’elle souffrît encore de ses blessures intimes, elle se montra bonne partenaire, poussant la comédie jusqu’à simuler le plaisir, tablant sur la faiblesse de l’homme.
En l’espèce, elle ne se trompa point. Braunstein eu tôt fait d’apprécier cette partenaire docile, disponible et complaisante, jouissant d’elle selon son bon vouloir et ses fantasmes. Et en dehors de ces assauts qui l’indifféraient complètement, la situation de la jeune fille s’en trouva confortée. Plus encore lorsque, petit à petit, les étranges penchants du maître s’étaient fait jour…
Natala l’a prévenue : le maître la demande et il est de fort méchante humeur. Inge sourit à son amie :
— Je m’en vais l’aller retrouver. Et toi, si tu veux te régaler, file dans le jubé : ce soir, je vais me surpasser ! Mais prends garde à ne pas montrer le bout de ton nez !
La petite servante disparaît en riant sous cape. Inge a fini par faire son choix, revêt ses atours et file vers ce qui était la Salle du Chapitre quand, dans les temps anciens, la maison fortifiée servait de résidence au seigneur du coin. Salle immense et pompeuse, que le Prévôt a modestement transformée en salle à manger.
— Et ...