1. L'ouragan Marie


    Datte: 13/02/2019, Catégories: frousses, vacances, Humour québec, camping, Auteur: Ingyt, Source: Revebebe

    ... me reculai un peu, la chaise faillit basculer. Je la replaçai pour la centième fois.
    
    — Ouais, la nature l’a bien dotée et vous aussi, dis-je en montrant le repli à la hauteur des seins sur le splendide t-shirt rose qu’elle m’avait prêté.
    
    Là ma cote était retombée à 3/10, pas de doute, habillé en clown comme je l’étais. Pantalon vert, t-shirt rose et nez rouge.
    
    Elle rit les yeux luisants, verre à la main et regarda ses seins un instant.
    
    — Hum, y ont grossi pas mal depuis l’an passé, je fais moins d’exercice. On pourrait se tutoyer, non, surtout après ce matin.
    
    Là elle rougit un peu en se mordillant une lèvre.
    
    J’en frémis en y repensant.
    
    — Je pense que oui.
    — Désolée de… enfin, d’avoir un peugâché votre fun, mais c’était trop tentant.
    
    Je souris du mieux que je pus, elle baissa les yeux, embarrassée, et se racla la gorge.
    
    — Pierrette disait que vous étiez un couple pas trop jaloux ? demanda-t-elle pour changer de sujet.
    — Non, Suzanne a des aventures à l’occasion et moi aussi.
    — Ohhh ! Vous profitez de la vie. Il y a longtemps que vous êtes ensemble ?
    
    Je lui racontai notre histoire. Elle fit :
    
    — Wow !C’est cute.
    — Vous… Je veux dire toi, tu es séparée y paraît ?
    — Eh oui ! Pis ça fait du bien… dit-elle fixant son verre, rêveuse. Trop jaloux justement, ça m’étouffait.
    
    Au même moment, je vis planer le corbeau au-dessus de nous et il disparut au loin dans les bois.
    
    — Good ! fis-je distraitement.
    — Pardon ?
    — Hum !
    — T’es heureux que ...
    ... je sois divorcée ?
    — Moi ?
    — Ouais, t’a dit « good » !
    — J’ai dit ça ?
    — Je sais pus !
    — Ah, le corbeau !
    — Y est où ?
    — Qui ?
    — Le corbeau !
    — Parti ! Woush ! Woush ! Comme ton ex ! fis-je sérieux comme un pape.
    
    Pis c’est ben sérieux un pape, y paraît.
    
    On se regarda un moment avant d’éclater de rire comme des malades. Le vin était délicieux et y avait de l’alcool dedans. Ouais ! Ma vertèbre cervicale craqua et la chaise tangua, je me rattrapai de justesse encore une fois en me promettant de dénicher du C-4 quelque part et de la dévaster demain.
    
    — Ta maudite chaise veut ma peau, c’est sûr ! T’as pas une hache ou quelle chose de tranchant ? Une scie mécanique peut-être ?
    
    Elle plissa la bouche amusée, les yeux pleins d’eau et me regarda genre : « Y est bizarre, lui ! »
    
    Je souris un peu perdu et pas mal soûl finalement !
    
    La pluie commença à tomber doucement clapotant sur la toile. On se serait crus en pleine nuit, ou presque. Je trouvais ça extrêmement romantique et j’allais lui dire : « Et si on allait s’étendre un peu ? » mais… j’avais sous les yeux le maudit contenant de propane. Une obsession, ma commotion sans doute.
    
    — On peut rentrer, dit-elle.
    — Non ! fis-je rapidement. Eh, j’aime bien la pluie, pas toi ? C’est romantique, non ?
    — Oh ! Monsieur file romantique ! Eh ben ! Allume les lampions, je vais aller chercher l’autre bouteille et le parapluie au cas où. T’as du feu ?
    — Oui, ça va.
    
    Elle desservit la table et fila. J’en profitai pour ...
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