1. Etude des micro-attributs


    Datte: 29/01/2019, Catégories: nonéro, Humour Auteur: Boulegomme, Source: Revebebe

    ... sont pas dans le doute, mais dans la certitude qu’ils ne peuvent avoir un comportement sexuel normal, ou du moins normatif, et par là même ne recherchent pas le contact avec une ou un partenaire éventuel.
    
    Les sujets qui nous intéressent dans cet ouvrage sont plus complexes. Ils ne « savent » pas si leur partenaire va accepter leur anatomie. Ils vont essayer de se comparer à l’autre. Ils vont générer des angoisses, des tabous, des comportements marginaux, des habitus sociaux déviants. Ce sont ces extériorisations qui vont plus nous intéresser, car elles deviennent elles-mêmes les moteurs de leur mal être et de leur souffrance.
    
    DC : Je crois comprendre. Il n’y a donc pas de critère scientifique à ce phénomène, mais juste des implications socio-psychologiques.
    
    Dr B : En raccourci, on peut effectivement le dire en ces termes. Mais évitons tout de même la simplification, si vous le permettez.
    
    DC : Bien sûr. C’est le but même de notre démarche.
    
    Liliane souriait en se brossant les cheveux. Elle scrutait dans le miroir les traces des ans sur son visage. Elle aimait ces rides subtiles qui dessinaient sur son visage les sillons des émotions passées. Fossettes de plaisirs au coin des lèvres, plis malicieux d’émerveillements à la pointe des paupières, stries marquées sur le front, témoins des soucis récents.
    
    Malgré la mort de son mari (« deux ans déjà »), Liliane acceptait le bilan de sa vie. À quarante-sept ans, elle avait exploré toutes les facettes du bonheur, même ...
    ... si elle reconnaissait qu’elle n’avait fait que les effleurer. Et puis il lui restait tant à découvrir.
    
    « Comment s’appelle-t-il, déjà ? Ah oui, Jean-Luc. Charmant jeune homme. Va falloir que je sois à la hauteur. Enfin, attention, ma vieille, pas d’enjeu ! Il m’a juste invité à boire un verre. Rien de fatidique ! Laissons faire les choses. »
    
    Ces velléités de séduction étaient assez nouvelles, mais néanmoins excitantes. Jeannot s’en retournerait sûrement dans sa tombe, jaloux comme il était, mais Liliane s’octroyait le droit à choquer les morts.
    
    « Il est temps. »
    
    — Liliane, vous avez rendez-vous ?
    — Oui.
    — Un rendez-vous amoureux ?
    — Non ! On ne peut pas dire ça. (Sourire). Disons une rencontre fortuite.
    — Comment ça s’est passé ?
    — Au marché, ce matin.
    — Vous pouvez nous raconter ?
    — En fait, j’étais en train d’acheter du bar pour dimanche chez monsieur Christian, le poissonnier, quand quelqu’un derrière moi m’a chuchoté : « Ne prenez pas celui-là, il n’a pas l’air terrible, c’est du bar d’élevage ». Je me suis retournée, et j’ai vu ce jeune homme qui me faisait un clin d’œil. Je me suis donc ravisé, et j’ai juste pris une rascasse. Au moins j’étais sûr de la provenance, vous pensez, à Marseille.
    — Et ensuite ?
    — Ensuite, quand je suis partie, je lui ai fait un signe de tête pour le remercier, et j’ai continué mes courses. Mais un peu plus loin, il était à côté de moi aux légumes. Je l’ai donc remercié de vive voix, et nous avons commencé à discuter.
    — ...
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