1. Jonas


    Datte: 25/01/2019, Catégories: fh, jeunes, amour, Voyeur / Exhib / Nudisme odeurs, intermast, Oral pénétratio, hdanus, init, mélo, nostalgie, portrait, Auteur: Amarcord, Source: Revebebe

    Avertissement :
    
    Ce texte est le deuxième d’une série qui comptera six ou sept volets. Fournir un résumé de l’épisode précédent («Mimosa ») n’a pas beaucoup de sens : ce deuxième épisode reprend puis poursuit le précédent sous l’angle d’un autre personnage. Certains épisodes ultérieurs seront peut-être des récits plus autonomes. Mais il est recommandé, pour comprendre chacun d’entre eux et la logique des personnages, de les lire tous dans l’ordre.
    
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    Les séances photo avec Robert ? Aucun risque que je les oublie. En matière de photo, Garassian, c’est un maître, une référence, une pointure. Jusqu’à il y a une quinzaine d’années, c’était la star absolue du marché, il était surbooké, on le réclamait sur les plateaux les plus prestigieux, à Paris, Milan, New York ou Tokyo. Il fut la figure marquante des années fastes de la mode et de la pub. Comme il me l’a raconté un jour, les budgets étaient alors illimités, et pour le moindre cliché d’une gonzesse mordant dans une biscotte, on embarquait quinze accompagnateurs inutiles à Miami ou Rio. Sur place, c’était fiesta à gogo : poulettes, night-clubs, grosses bagnoles et brouettes de coke. Robert a profité du système plus que quiconque. À sa décharge, ça ne l’a jamais empêché de produire un travail époustouflant. Il mériterait bien une rétrospective : on s’apercevrait alors combien sa production, pour ne pas dire son œuvre, a marqué et influencé une bonne part de ceux qui tiennent aujourd’hui le haut ...
    ... du pavé, et qui le citent souvent parmi leurs références. Comme s’il pressentait la fin prochaine de ces années fastes – le métier est aujourd’hui cadenassé par lescost cutters des clients – Robert en sortit brutalement. À 48 ans, chute dans le vide. Dépression sévère. Claquemuré chez lui, avec ses idées noires. Divorce. Brouille avec tous ses amis d’alors, ce qui ne fut d’ailleurs pas une grande perte. Cet hédoniste invétéré perd le goût de tout. Marre de cette vie de gitan de luxe, de palace en jet privé, des fausses joies de la nuit qui s’éternise, des gens qui rient trop fort, des bimbos qui vous sucent trop vite, de ceux qui vous saluent trop obséquieusement, de ce vacarme permanent sur la bande-son d’une vie constamment surexposée. Robert se retrouve seul face au miroir. Et il n’y voit que le vide.
    
    Sa bouée de sauvetage fut malgré tout encore la photo, qui restait son seul langage. Chaque jour, au lieu de parler – avec qui l’aurait-il fait ? – il s’obligeait à capter une image, une seule. Mais il la traquait obstinément, avec une exigence inouïe. Enfermé dans sa chambre noire, il peaufinait ensuite le tirage de chaque cliché unique. Il m’a un jour fait l’immense privilège de me livrer accès à cette impressionnante série, enfermée dans une pièce de la splendide maison de maître qu’il occupe au centre-ville, en me précisant que j’étais le premier – et peut-être le dernier – à bénéficier de cette faveur. Neuf cent quatre-vingt-six photos dans des volumes reliés en ordre ...
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