L'achat - Histoires de Sexe

L'achat

... chance, vous pouvez résoudre votre problème très vite.
— Il m’a trahie !
— Oui, je sais. Et vous aussi un peu, en le reléguant au second plan.

Elle ne répond rien, lèvres pincées. Je reviens un peu sur mes pas, puis je poursuis :

— À votre place, je pardonnerais, à mes conditions, sachant que je serais alors en position de force. Mais offrant quand même quelque chose en échange, et vous savez très bien quoi. Par contre, à la prochaine incartade, je serais alors sans pitié.

Prenant un air entendu, Eugenia change singulièrement de sujet :

— J’ai entendu des choses étranges vous concernant…
— Et quoi donc, Eugenia ?

Impassible, je la regarde fixement, elle change d’expression, telle une écolière prise ma main dans le sac, ayant raté son maigre effet. Cruel, je rétorque :

— Moi aussi, j’ai entendu des choses étranges concernant votre professeur de piano.
— Ce… ce sont des calomnies !
— Je sais… mais les gens sont si méchants, voyez-vous… Une danseuse, un professeur de musique, comme c’est amusant, nous restons dans le même domaine.

Un air étrange se peint sur son visage. Changeant de tactique, elle s’approche de moi, toute douce :

— Oui… dommage que votre fils ne soit pas comme vous… Je crois que ça aurait été très intéressant, vous et moi…
— Dieu seul le sait, Eugenia. Mais voilà, ou bien vous êtes née trop tard, ou bien je suis né trop tôt.
— C’est une fausse excuse, Sir Andrew. On ne compte plus les hommes qui pourraient être le père ou même le ...

... grand-père de leur femme.
— Ce n’est pas faux. Mais vous êtes néanmoins la femme de mon fils.
— Pour l’instant, Sir Andrew, pour l’instant…
— Et n’oubliez pas que vous êtes aussi la mère de mes petits-enfants.
— Vous cherchez à avoir le dernier mot, n’est-ce pas ?

Le terrain est glissant, et ma bru montre une facette que je ne pensais pas lui connaître. C’est elle qui continue :

— Je vais jouer cartes sur table, Sir Andrew. Oliver est votre fils, mais une pâle imitation. Oui, je l’ai aimé, mais c’est vous qui… qui m’inspiriez vraiment. Si je pouvais à nouveau choisir, si je pouvais remonter les années passées, je pense que c’est vous que je choisirais.

Je ne m’attendais pas à pareille confession. Mais il m’en faut plus pour m’ébranler :

— Je vous en remercie, Eugenia, je suis flatté de l’intérêt que vous me portez, mais voyez-vous, il faut être deux pour ce genre de choix.

Les yeux brillants, elle s’approche un peu plus :

— Répondez-moi franchement : si à l’époque, vous aviez dû choisir entre votre femme et moi, qui auriez-vous choisi ?
— Vous n’étiez pas née…
— Ne cherchez pas à détourner la conversation…

Je m’appuie sur ma canne, mon visage peut-être un peu trop proche du sien :

— Ma regrettée femme était sans doute moins intelligente de vous, moins cultivée, mais en contrepartie, elle ne cherchait pas trop les matines aux vêpres, se laissant gentiment vivre et entreprendre.

Ma bru rougit :

— Vous voulez dire par là qu’elle était… un peu… ...