Sans tort et cent reproches - Histoires de Sexe

Sans tort et cent reproches

... Bonsoir…

J’avais chuchoté, mais j’eus l’impression que ma voix résonnait, bruyante. Kalima — puisque ce devait être elle — tourna vers moi son visage. J’aperçus soudain ses yeux blancs laiteux, probablement parfaitement aveugles.

— Ah, des Français ! s’applaudit la rebouteuse d’une voix aussi blafarde que son visage. Quatre Français. Venez, entrez ! Installez-vous ! Et dites-moi ce que la vieille Kalima peut faire pour vous.
— Euh… nous… nous sommes trois Français, repris-je, et notre ami vient d…
— Mais… attends ! m’interrompit-elle en me cherchant visiblement des yeux. Où es-tu ?

Elle était cinglée, ou quoi ?

— Euh… je suis là, en face de vous.
— Ta main ! Donne-moi ta main ! s’énerva-t-elle en se levant avec peine de son fauteuil et en avançant aveuglément vers nous, un bras tendu.
— On se croirait dans un film de zombie… ricana Aurélie.

Mais ça affola encore la vieille, qui se mit à la chercher aussi du regard.

— Toi aussi ! Où es-tu ? répéta-t-elle en approchant toujours plus. Donne-moi ta main !

Je tendis ma main pour toucher la sienne ; elle poussa soudain un bref hurlement, puis se reprit :

— Tu es sous l’emprise d’un puissant sortilège ! Et ta compagne également !

On la regardait, tous les quatre, scotchés. Même Peter, alors qu’il comprenait rien. Kalima palpa un à un nos quatre visages, puis retourna s’asseoir à tâtons.

— Mais pas cet homme et cette femme.

C’était incroyable ! Elle avait visiblement percuté que je n’étais ...

... pas vraiment une femme et Aurélie pas vraiment un homme…

— Est-ce pour ça que vous êtes venus me voir ?
— Euh… en partie.
— Alors je ne peux rien pour vous ! Ce sortilège dépasse mon pouvoir d’abrogation. Seul le mage qui vous l’a lancé saura vous en défaire.

Ah merde ! Il n’y avait donc que Bazouk qui pourrait annuler ça ?

— Quel est celui que vous avez tant offensé qu’il vous a punis de la sorte ?
— Euh… justement, nous sommes à sa recherche. Nous devons le maîtriser.
— Et le vaincre ? Ha ha ha ! J’ai rarement eu connaissance d’un tel enchanteur. Votre tâche est ardue.

Ben c’était bien la première fois qu’on me parlait de Bazouk en ces termes…

— Auriez-vous quelque chose qui pourrait nous aider ? demanda Estelle à tout hasard.
— Je dois avant tout en savoir plus sur celui qui vous a enchanté de la sorte. Quel sorcier est-ce là ?

J’hésitai un court instant avant de répondre, mais me résolus à y aller franco. Il y avait sans doute peu de choses à même de déstabiliser notre interlocutrice.

— C’est un génie.
— Hmmm… un génie… répéta-t-elle, visiblement pensive, mais nullement désemparée. Et à qui appartient-il ?
— Euh… ben… normalement, à moi.
— À toi ? C’est ton génie qui t’a traité de la sorte ? Et qui a disparu ?

Là, quand même, elle était scotchée.

— Alors, je ne sais pas si c’est lié ou non, mais il s’est pris un éclair juste avant de péter un câble.
— Un câble ?
— Euh… il a reçu la foudre avant de se retourner contre nous, reformula ...