1. Sans tort et cent reproches


    Datte: 23/01/2019, Catégories: fh, bizarre, délire, Humour aventure, sorcelleri, merveille, Auteur: Gufti Shank, Source: Revebebe

    ... des trucs, en modifier d’autres…
    — Hmmm… je ne crois pas trop à ces choses-là…
    
    Je le regardai avec un brin de déception, mais me repris aussitôt en battant des cils et en gonflant le torse.
    
    — Et vous ne connaissez personne qui pourrait nous aider ? intervint Estelle en adoptant la même attitude charmeuse.
    — Je ne sais pas… je pourrai peut-être vous conduire à Kalima…
    
    ***
    
    Et hop ! C’était reparti pour un nouveau tour de fête foraine dans la guimbarde que dirigeait toujours un peu rudement Peter. Celui-ci semblait avoir pris fait et cause pour notre quête, et son amabilité, sa disponibilité, son optimisme, sa résolution, nous touchaient tous les trois.
    
    On commençait à être serrés à l’arrière de la pauvre petite bagnole, mais Aurélie paraissait ravi(e) de se retrouver entre Estelle et moi, cédant sa place du mort au hougan qui conseillait notre pilote sur les chemins à emprunter. Celui-ci jetait parfois un œil inquiet dans l’espèce de miroir qui jouait le rôle de rétroviseur pour s’assurer qu’Aurélie n’était pas en train de se nous taper toutes les deux… Mais le voyage, bien que sur des routes toujours plus « cahotiques », ne fut pas très long et Sambo nous arrêta bientôt devant une bicoque ruineuse à moitié sordide où s’entassaient plusieurs autres bagnoles à côté desquelles la nôtre faisait grand luxe.
    
    — Kalima est très renommée, nous expliqua le grand prêtre, des gens viennent de très loin pour la rencontrer. Il vous faudra être ...
    ... patients.
    
    ***
    
    Effectivement, il nous fallut de la patience. On poireauta presque trois heures dans une espèce de cuisine où les quinze autres personnes qui attendaient en permanence taillaient à gogo des bavettes en créole. Sambo fut reconnu par de nombreux patients et se mit à papoter prêchi-prêcha ; Aurélie fut entreprise par une énorme mama qui trouvait sans doute son anatomie athlétique très à son goût ; et Peter, comme il se faisait chier et ne comprenait que dalle ni au français ni au créole, nous fit la conversation, à Estelle et moi, à tour de rôle. Il était vraiment très sympa, finalement. Et de plus en plus, je sentais mon corps de femme irrémédiablement attiré par son charisme. J’étais entre ses bras, sur le point de m’abandonner à ses avances pressantes, lorsque la petite vieille toute rabougrie qui servait apparemment de secrétaire vint nous chercher, non sans avoir lancé à Peter des regards réprobateurs.
    
    — Je vous laisse y aller, dit Sambo, je vous attendrai ici.
    
    Nous suivîmes la mémé dans un couloir parfaitement obscur ; elle frappa bientôt contre une porte en balbutiant un truc en patois. Ça allait être coton si nous devions communiquer en créole… Il y eut une réponse, de l’intérieur, et la secrétaire nous ouvrit. Une puissante odeur d’encens ou de camphre nous assaillit. On entra, prudemment. Au milieu d’une montagne de bougies trônait une nana toute maigre encore plus vieille que l’autre, avec des cheveux blancs épars, au teint blafard malgré sa peau sombre.
    
    — Euh… ...
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