Sans tort et cent reproches - Histoires de Sexe

Sans tort et cent reproches

... Aurélie.
— Hmmm…

Elle dodelina un instant la tête, apparemment perplexe.

— Il se nomme Bazouk, et était d’un naturel plutôt… comment dire… dévoué, enthousiaste, positif, tenace, attentionné… Mais dès lors que l’éclair l’a frappé, il est devenu comme fou, et on a pu lire dans ses yeux la colère et la rage.
— Un génie ne peut habituellement pas se retourner contre son maître, assena la toute vieille en guise de diagnostic. La surcharge énergétique de l’éclair lui aura probablement fait perdre la raison.

Ben oui. Merci bien. On venait de faire mille bornes pour découvrir ça ?

— Mais nous devons la lui faire recouvrer ! Comment pouvons-nous procéder ?
— Je n’ai jamais eu connaissance de quelque chose de semblable, mais à l’évidence seul un choc comparable pourra le faire changer de nouveau.
— Vous voulez dire un autre éclair ? Une autre décharge de foudre ?

Elle acquiesça, sans toutefois paraître bien sûre d’elle. On la regardait pesamment, déconcertés. Elle reprit d’une voix miséricordieuse :

— Le génie devra regagner l’objet auquel il est lié, et alors vous appellerez la foudre.

Ah…

— Et comment on appellera la foudre ? s’enquit Aurélie.
— Ce n’est pas la bonne question, répondit Kalima d’un ton sévère. Peu importe comment vous appellerez la foudre. Ce qui compte, c’est comment vous contraindrez le génie à regagner son objet lié !
— Ah… oui… désolée… s’excusa ma compagne au corps d’athlète. Et donc ? Comment on fera ?
— Hmmm… Il est évident ...

... que le génie n’acceptera pas votre présence…

Et dès lors, la vieille s’enferma dans une sorte de mutisme ; on devinait qu’elle réfléchissait de toutes ses forces. Quand on commença à trouver le temps long, Estelle toussota plus ou moins discrètement.

— Il faut combattre un ennemi avec ses propres armes, déclara finalement la magicienne en se levant avec peine de son fauteuil d’osier.

À deux à l’heure, elle se dirigea vers le fond de son antre, derrière son tas de bougies, pour aller farfouiller un moment dans une étagère de bibelots. Quelques secondes plus tard, elle revint s’asseoir face à nous en se marrant, avec à la main une bouteille de pinard. Elle la caressa à deux reprises et sous nos yeux ébahis — et ceux parfaitement stupéfiés de Peter — un génie en sortit dans des volutes de fumée grise et bleue.

— Qu’y a-t-il à ton service, maîtresse Kalima ? demanda posément la créature qui venait d’apparaître.

Il était presque en tout point semblable à Bazouk, pareillement évanescent, d’une même couleur bleutée, paraissant s’épancher de la bouteille et se matérialiser pour former un homme de petite taille, enturbanné, au torse nu. Mais légèrement moins « bedonnant » que le nôtre, et son visage était quelque peu différent, moins jovial, moins allègre.

— Mon bon Kraçou, je te prie d’accepter de te mettre quelque temps au service de ces gens.
— Tes désirs sont mes ordres, répondit le génie en nous regardant d’un air convenable.

Je m’aperçus soudain qu’il ...