1. Le parloir / Si tous les grands hôtels


    Datte: 17/01/2019, Catégories: fh, ff, hh, hotel, douche, cérébral, Oral hsodo, tutu, poésie, Auteur: Louise Gabriel, Source: Revebebe

    ... frustration, leurs peaux, à leur insu, sont devenues le clavier où tu promènes désormais tes doigts, peut-être pour combler le manque, créer d’une façon ou d’une autre l’émotion, le frisson !
    
    Et tu arrives, dans ta danse forcément séductrice. Tu as revêtu ton habit de travail, tes atours, le tee-shirt près du corps, le jean moulant, mise en scène de tes fesses, le blouson juste entrouvert, ton sac à malice en bandoulière, le sourire dessiné sur le visage, l’œil de biche. Théâtrale attitude, mais elle participe à ta prise de pouvoir, moyen de capturer le regard, certitude qu’il aura envie de toi à juste te regarder arriver, évidence qu’il saura que c’est toi qu’il attendait sans même que tu aies ouvert la bouche. La juste mouvance de ton corps lui dira tout ; il comprendra instantanément, au regard porté, que tu vas lui offrir les mille et une saveurs qu’il désire tant, de tes mains expertes, de ta queue veloutée, de ce savant massage venu de territoires lointains. Il va chavirer, basculer vers les délices de la chair.
    
    Il va tout de même entendre le son de ta voix, qui se fait langoureuse et ferme tout à la fois. Maître séducteur et surtout rien d’autre, mais ils aiment ça, tes clients des palaces parisiens. Ils apprécient une certaine forme de domination, celle qui laisse l’âme partir en voyage, où l’on se laisse guider par la douceur suave d’une main, sans plus rien décider, profiter de la lente glissade vers les gouffres de soie, sans pensées, pour le seul plaisir de ...
    ... la sensation.
    
    Et tu sais parfaitement les chemins, les routes parfois tortueuses de leurs désirs profonds.
    
    Faire d’eux l’Unique, l’espace de quelques heures, les écouter d’abord d’une oreille attentive en sirotant tranquillement un cocktail couleur des mers du sud, confortablement installé dans des fauteuils d’un cuir rare et odorant, ton regard attardé de temps à autre sur le magnifique serveur derrière le bar, qui ne cesse de t’envoyer des œillades assassines. Friandise somptueuse, tu commanderas d’ailleurs une autre boisson pour le seul plaisir de frôler sa main, sentir son parfum lorsqu’il viendra vous servir pour la seconde fois.
    
    Vous avez fait connaissance, le voilà détendu. Un peu d’alcool, quelques mots doux, et il t’amène vers sa chambre avec l’envie chevillée au corps.
    
    Mais il va devoir prendre patience.
    
    Le rituel du déshabillage les met un peu mal à l’aise. La nudité rend fragile et désirable tout à la fois, qu’ils soient ronds, maigres, ou très bien de leur personne, il y a l’inconnue du regard de l’autre, cette sorte de mise en danger que ressentent certains lorsqu’ils se montrent enfin comme au jour de leur naissance.
    
    Mais tu es déjà parti faire couler un bain. L’eau bienfaitrice, elle réchauffe la peau, délie les dernières tensions. Vos deux corps à l’unisson dans la mousse onctueuse, et tes mains entament le ballet aquatique. Elles glissent sur lui, au début doucement, presque tendrement, parce que ce client-ci tout particulièrement met tes ...