1. Le parloir / Si tous les grands hôtels


    Datte: 17/01/2019, Catégories: fh, ff, hh, hotel, douche, cérébral, Oral hsodo, tutu, poésie, Auteur: Louise Gabriel, Source: Revebebe

    ... Ce sentiment de sortir par la porte ouverte de son regard, l’œil, miroir de ses volontés de volupté.
    
    Mes yeux gris acier t’enveloppent, te câlinent, et tes yeux bruns couleur caramel brûlé viennent caresser la rondeur de mon épaule, et notre ballet oculaire n’en finit pas.
    
    Se caresser du bout des cils est ressentir la violence du manque, chaque battement de paupière aussi cinglant qu’un coup de fouet.
    
    Se servir de ses mains parce que les yeux n’y suffisent plus, parce que le désir, la soif ont la nécessité d’être étanchés. Et nous buvons l’élixir de nos doigts jusqu’à en être saouls.
    
    Finir par croire à l’illusion, sentir ta chair glisser dans la mienne, sentir mon corps se faufiler dans le tien.
    
    Être si proche que ton odeur devient réelle.
    
    Les mentales confusions ont ce magnifique pouvoir de rendre palpables les moindres recoins de ton intime maritime. Je suis vague océanique, tu es galet poli par mes flots.
    
    Tu deviens ogre dévorant, m’engloutissant tout entière.
    
    Cohésion parfaite, imparfaite réalité, parce qu’il faut revenir, repartir, se quitter dans la cruauté, oublier le songe, atterrir dans la douceur d’un échange de sourire.
    
    Et nous nous levons, nous partons chacun de notre côté. Ne plus se retourner, garder captif au creux de soi le regard du désir de l’autre, comme nourriture, comme rempart à la trop grande mélancolie.
    
    Je me retrouve peu de temps après dans ma cellule. La compagne avec laquelle je partage depuis quelques mois cet espace ...
    ... des plus restreints est dans la même détresse du manque de caresses. Et dans la pénombre, nos corps se rapprochent obligatoirement, l’une et l’autre asservie au besoin de chaleur, de moiteur.
    
    Et ses mains seront les tiennes, et mes mains seront celles de l’être qu’elle désire plus que tout, nos bouches n’auront plus de frontières.
    
    Nos corps, déserts arides, vont se muer en jungle luxuriante où l’on devient liane ondulante, sous-bois humide et odorant.
    
    Obligatoire vibration, ne jamais succomber à la grisaille d’un ciel hivernal…
    
    Si tous les grands hôtels de Paris devenaient ton terrain de chasse, ton terrain de jeu favori…
    
    Ces endroits sont pleins d’âmes seules, de corps en manque de caresses. Les couloirs feutrés où les pas s’enfoncent dans la moquette épaisse, l’enfilade de portes closes sur des vies en voyage, le son étouffé de la ville qui fait se sentir hors du temps, le bar où ils te donnent rendez-vous, les lumières tamisées, les serveurs stylés dont tu ferais bien parfois ton quatre-heures pour te mettre en bouche avant ton futur client, la musique sirupeuse et presque désincarnée juste là pour meubler les silences, ces notes de piano d’un pianiste d’ambiance que l’on n’écoute plus depuis si longtemps qu’il semble lui aussi ne plus être tout à fait là, perdu ailleurs, dans un monde où sa musique aurait enfin un sens, des oreilles douces capables de l’entendre.
    
    Toi qui connais la musique, qui ne joues plus parce que la perte de dextérité te met dans la ...