1. Marion


    Datte: 16/02/2018, Catégories: fh, init, fantastiqu, contes, Auteur: Myhrisse, Source: Revebebe

    ... compagnon n’était pas non plus dans sa meilleure forme mais occupée par son propre vide intérieur, elle ne le lui fit pas remarquer. Cette soirée ne connut aucun éclat de rire. Ils bavardèrent avec beaucoup de calme et ni l’un ni l’autre ne montrèrent une quelconque envie de se retrouver physiquement. Finalement, au salon, alors qu’Antoine était parti vider son ventre, elle lança :
    
    — Dis, Antoine, tu aurais une photo de tes parents ?
    — Oui, dit-il depuis les toilettes. Dans mon portefeuille. La poche intérieure gauche de mon manteau.
    
    Marion fouilla le manteau dans l’entrée et en sortit l’objet de cuir. Ce faisant, elle fit tomber un bout de carton. Elle le ramassa, désireuse de le remettre en place lorsqu’elle se rendit compte qu’il s’agissait d’une petite carte ressemblant en tout point à celles que son maître lui laissait. Sur le coup, elle ne sut que penser. Vérifiant qu’Antoine ne venait pas, elle l’ouvrit. Dans une écriture sublime mais différente de celle de son maître, elle lut :
    
    « Félicitations »
    
    Elle relut le mot, sans parvenir à y croire. Qu’est-ce que cela signifiait ? Les lettres n’étaient vraiment pas tracées de la même manière mais la carte, elle, était bien la même. Elle resta un instant paralysée.
    
    — Tu as trouvé ? demanda Antoine en entrant soudain dans l’entrée, la découvrant, la carte à la main, pâle.
    
    Il se figea, comme pris la main dans le sac puis lança :
    
    — C’est… C’est un ami qui me l’a donné pour… ma promotion, finit-il par trouver ...
    ... après un long effort de recherche.
    — C’est le plus mauvais mensonge que j’ai jamais entendu, répondit-elle.
    
    Alors qu’il allait chercher à s’expliquer, elle le coupa d’un geste et ouvrit son propre sac avant de lui tendre sa carte.
    
    — Que ? bredouilla-t-il après l’avoir ouvert.
    — Rappelle-moi à quel moment tu as changé de vie et pourquoi ? dit Marion.
    
    Antoine sentit sa respiration s’accélérer puis il rougit avant d’annoncer :
    
    — Avons-nous vraiment… vécu à peu de choses près la même chose ?
    
    Marion aussi sentit ses joues s’empourprer à cette idée. Elle l’amena dans le bureau et lui montra les calendriers et les cartes.
    
    — Moi aussi elle m’a donné un calendrier comme première entrée en matière ! S’exclama Antoine.
    — Elle ?
    — Ma maîtresse, répondit Antoine avant de se mettre la main dans la bouche comme s’il avait dit une injure horrible.
    — Ne t’inquiète pas, moi, je le considère comme mon maître, dit Marion. Il est parti, finit-elle dans un souffle dans lequel on pouvait sentir toute sa peine.
    — Moi aussi. Tout à l’heure, elle est venue me dire adieu. Toi aussi alors ? C’est pour ça que tu es triste !
    
    Marion hocha la tête et les deux amants se consolèrent de la perte de leurs maîtres respectifs dans les bras l’un de l’autre. Après un long moment, Marion chuchota :
    
    — Tu veux bien venir habiter chez moi ?
    
    Antoine s’éloigna d’elle, la regarda dans les yeux, et répondit :
    
    — Tu veux m’épouser ?
    
    Marion fut totalement prise de court. Antoine sortit ...