Trois mois de vacances
Datte: 13/01/2019,
Catégories:
fh,
hplusag,
voyage,
amour,
Auteur: Domi Dupon, Source: Revebebe
... pertinemment l’effet qu’elle produit, mais fait comme si de rien n’était. Nous continuons notre bavardage, parlant de tout et de rien, jusqu’à ce que ma perverse petite camarade se taise prise par le sommeil. C’est du moins ce qu’elle veut me faire croire. Fin de la première mi-temps.
La seconde débute alors que je m’assoupis. Des soupirs de plus en plus ardents qui enflent, enflent. Quand elle pense que je suis éveillé, elle entame une danse satanique sous sa couverture. Dans la pénombre, ses hanches se soulèvent rythmiquement ; la position de son bras ne laisse aucun doute quant à l’occupation présumée de sa main. Je voudrais bien faire le mort, mais comme dit la chanson, Saint Éloi n’est pas mort, car il bande encore. Et pour bander, je bande à en avoir mal. Jusqu’à ce soir, je n’ai pas voulu lui donner la satisfaction de réagir, mais là je n’en peux plus.
— STOP ! ARRÊTE TES CONNERIES !
Plus rien ne bouge. Il me faut quelques secondes pour me rendre compte que c’est moi qui ai hurlé.
— T’es malade ? Qu’est-ce qui vous prend ?
Sa réplique reflète bien l’ambiguïté de notre relation actuelle. Le « tu » et le « vous » se chevauchent au gré de nos émotions.
— Mai Line, tu te rends compte à quelle pression tu me soumets ?
— Et moi ? D’accord, t’es vieux et t’as plein de principes ! Et moi, tu penses à moi ?
— Justement je…
— Peut-être qu’en fait t’as juste peur de me faire un gosse ! J’t’rassure, j’ai un stérilet.
— Et moi j’ai subi une vasectomie, ...
... alors les gones, c’est pas mon problème.
— C’est quoi alors ton problème ? J’t’dégoûte ?
Et madame la Comtesse éclate en sanglots.
— Pourquoi je suis toujours aussi nulle avec les mecs ? hoquette-t-elle. Pourquoi ?
Que voulez-vous que je fasse ? À part l’enlacer ! À genoux entre les deux lits, je n’ai qu’un geste à faire pour que sa tête se niche au creux de mon épaule, que son corps s’alanguisse. Je caresse doucement ses cheveux. J’immobilise son visage entre mes mains, rive mes yeux aux siens :
— Tu n’es pas nulle. Bien au contraire… C’est bien là le problème.
Qu’est-ce qu’on peut dire comme conneries dans ces moments-là. Une ébauche de sourire victorieux naît aux commissures de ses lèvres qui s’approchent dangereusement. Elle pose un baiser sur ma joue gauche puis un autre sur ma… bouche. Simultanément, elle lance ses bras autour de mon cou. Une langue inquisitrice se presse contre mes lèvres. Baiser pas du tout conquérant. Langues timides qui font connaissance, tournant l’une autour de l’autre comme deux bretteurs qui n’osent s’attaquer. Un baiser escarmouche qui dure, dure. Nos mains parties à la découverte flânent sur nos visages, dans nos cheveux, sur la nuque. Leur témérité les amène parfois aux épaules, voire à la naissance du cou, mais elles ne s’aventurent jamais plus loin.
Elle interrompt brièvement notre baiser pour me murmurer :
— Viens contre moi !
Je me glisse dans sa couche, dans ses bras. Nos corps se connaissent déjà, ils s’épousent ...