Secrets de cadavre
Datte: 13/01/2019,
Catégories:
uniforme,
bizarre,
campagne,
historique,
policier,
sorcelleri,
amourdura,
Auteur: Musea, Source: Revebebe
... soit autrement… plusieurs éléments relevés sur la scène de crime ne cadraient pas avec une immolation par le feu. Est-ce que d’après l’impact, vous avez pu déterminer la distance de tir ?
— C’est assez difficile à dire car la plaie a été profondément rongée par le feu mais au vu des quelques déchirures, des os brisés et si l’on s’en réfère aux capacités du Ruby classique, celui que nous avons utilisé quand nous étions au front en 1914, je dirais que le tireur était à moins de quatre mètres de sa victime.
— Diable ! Vous avez gardé la balle ?
— Bien sûr. Je vous l’ai mise de côté dans une enveloppe. La voici. Elle n’est pas en très bon état mais ce sera pour vous une pièce à conviction dans le dossier.
Le médecin lui tendit l’objet et Pauvert aussitôt s’en saisit, l’examina et, satisfait, le glissa dans sa poche :
— Très bien. Je vais essayer de me renseigner auprès de la gendarmerie et de la préfecture pour savoir s’il y a un permis de port d’arme pour un Ruby à Saint-Amant.
Amusé, le docteur Pontel se mit à rire. Pauvert fronça les sourcils, pensant que le médecin se moquait ouvertement de lui. Alors ce dernier lui expliqua :
— Vous savez, Inspecteur, j’ai bien peur que pour ce genre d’arme, vous vous heurtiez à un vaste silence y compris des autorités compétentes.
— Pourquoi donc ?
— Vous savez bien que depuis la guerre, des tas d’hommes engagés au front ont gardé ou revendu sous le manteau des Ruby. Certains en ont dans leur grenier, dans leur grange, dans ...
... leur arrière-boutique et bien évidemment, sans autorisation. Croyez-moi, Inspecteur, vous en trouverez chez beaucoup de Savinois, d’Ambertois et dans plein de hameaux du canton. Malheureusement, c’est le genre d’arme qui avec le fusil de chasse, est le plus facile à trouver chez monsieur et madame tout le monde.
Pauvert soupira :
— Ne me découragez pas, Pontel… Cette affaire est déjà suffisamment complexe et sordide comme ça.
— J’ai bien compris, Inspecteur. Je voudrais juste que vous ne perdiez pas votre temps d’enquête inutilement. Pour en revenir à mes autopsies, je n’ai pas trouvé d’autre balle mais il semble que le visage de l’homme a subi une blessure similaire au niveau de la mâchoire et de l’oreille gauche. Je pense donc qu’on a dû lui tirer dessus plusieurs fois, histoire de l’empêcher de se défendre et le blesser gravement. Je n’ai pas trouvé trace de lutte étant donné l’état de décomposition et d’altération du cadavre, mais je ne pense pas qu’il en ait eu le temps ni l’occasion. Son agresseur l’a tiré comme un lapin de garenne, avant de le faire brûler dans la Delage. Quant à la vieille dame qui a été étranglée, je peux vous confirmer qu’elle l’a été post-mortem. Elle a bien été étouffée avec son oreiller, d’où les larges traces violacées autour de sa bouche et son nez. Mais je ne vous apprends rien évidemment.
— En effet ! J’avais repéré rapidement ces signes lorsque j’ai vu son cadavre hier. Me reste à rattraper sa meurtrière. Avec sa fuite, je n’ai plus ...