Twist and Shout
Datte: 14/01/2018,
Catégories:
nonéro,
exercice,
Humour
revebebe,
Auteur: Brodsky, Source: Revebebe
Un twist final, qu’ils avaient dit. Traduction : un retournement de situation inattendu… Et j’avais dit oui, comme de bien entendu. Quand une maison d’édition te passe une commande et que tu ne sais toujours pas comment faire pour payer ton loyer et tes trente packs de bière mensuels, tu réponds « Oui bien sûr ; pas de problème, les mecs : je vous torche ça cette nuit. » Sauf que ça tenait pas debout, leur histoire. Comment opérer, dans une nouvelle, un retournement de situation inattendu QUE TOUT LE MONDE ATTEND ?
C’est comme quand tu vas voir un thriller au cinéma : dès le début du film, TU SAIS que le coupable n’est pas coupable et que par conséquent l’assassin se trouve du côté des gentils. Ce qui fait que tu n’es pas surpris quand il est démasqué… Faut être clair : la vraie surprise serait que le coupable soit coupable. Mais alors, dans ce cas la déception est complète au lieu d’être partielle. Quoi qu’il en soit, dans un cas comme dans l’autre, le public l’a dans le cul, et c’est bien là le drame. Les lecteurs et les spectateurs d’aujourd’hui sont tellement habitués à se faire défoncer la rondelle par de mauvais scénarios que les bouquins se vendent de moins en moins et que les salles obscures sont de plus en plus vides.
— Te prends pas la tête, Brodsky ; écris-leur ce qu’ils demandent, une petite histoire bien troussée qui ne mange pas de pain mais qui respecte le cahier des charges. Ils auront leur daube, et toi tu auras ton fric…
Je regarde celui qui vient ...
... de me parler : c’est mon clebs… Un croisé caniche et coin de rue qui ressemble à rien mais qui est d’une intelligence très supérieure à celle de la plupart de mes voisins.
— Pas d’accord, Saturne, trop facile.
— Pourquoi « trop facile » ?
— Parce que je suis Brodsky, merde ! Il en va de ma réputation… Je dois écrire un truc auquel personne ne s’attendra, déjouer les plans, casser les codes…
— Tu as passé ta vie à tenter de casser les codes ; mais à force, tu vas finir par leur casser les couilles à tes lecteurs.
— Un écrivain, ça doit prendre des risques.
« PROUT ! »
— Hein ?
— J’ai pété, excuse moi.
— Putain, tu pues…
— Ouais, bon, ça va… Prendre des risques ? Putain, le seul risque que tu es en train de prendre, c’est celui de passer à côté d’un gros paquet de pognon.
— C’est pas vrai… Même mon clebs se met à parler pognon maintenant !
— Je te rappelle que mes croquettes sont pas gratuites. Tiens, verse-moi un sky s’il te plaît…
— Ta gamelle est déjà vide ?
— Ouais… Et ne me mets pas cette merde que tu sers aux visiteurs. Je veux le Jack Daniel’s que tu planques derrière les DVD.
Je verse la bibine à Monsieur Clébard, et je me recolle devant le clavier.
J’avais pensé raconter comment j’avais gagné le dernier Koh-Lanta ; mais côté retournement de situation, ça n’allait pas très loin. À partir du moment où j’avais collé mes pieds sur l’île, il était évident que j’allais l’emporter. Rester trois semaines sans me laver, j’étais entraîné… Bouffer du riz ...