Chroniques immortelles – Avis de tempête (1)
Datte: 15/02/2018,
Catégories:
Lesbienne
Auteur: Irina, Source: Xstory
Cela s’est passé un été, en l’an 330 avant notre ère, sous le règne d’Antiope, la quatrième reine des Amazones, quelque part dans une région de ce qui est aujourd’hui le Turkménistan. Pour la première fois depuis des lustres, les femmes guerrières s’étaient réunies pour un événement inédit, et elles étaient nombreuses. Je m’étais mué en faucon, et perché sur un arbre, je n’ai rien perdu de ce qui s’est passé ce soir-là…
De nombreuses tentes s’étaient montées. Il faisait beau, il faisait doux. La prairie était couverte d’herbes vertes et de fleurs sauvages. Le soir tombant, on avait allumé des feux un peu partout. Les Amazones devisaient gravement, conscientes de la solennité de l’instant. Mais ce qui me frappait, c’était la tristesse qui se lisait sur leurs traits.
Pourtant à cette époque tout allait pour le mieux. Durant son règne, Antiope avait réussi à conclure des accords de paix avec les royaumes environnants, et quand ce n’était pas possible, elle avait eu la sagesse de se retirer vers des régions moins troublées pour éviter les conflits. Antiope était une pacifiste, de la même veine que Harmonie leur première reine, bien différente de Penthésilée tuée devant Troie, à qui elle avait succédé.
Les femmes festoyaient, mais on sentait que le cœur n’y était pas. Et puis Antiope parût. Elle était magnifique, richement vêtue, parée de tous ses bijoux et portant la fameuse ceinture des Amazones. Jamais je n’ai vu reine plus belle, plus majestueuse. Elle avait atteint ...
... le deuxième cercle à cette époque, mais elle aurait été digne d’être une déesse. Aussitôt, les femmes se levèrent, la saluèrent avec respect et se pressèrent pour la saluer. Certaines s’agenouillaient devant elle, lui embrassant les plis de sa robe. On en voyait qui essuyaient des larmes, que d’autres parvenaient à ravaler.
Mais Antiope souriait. À chacune. Elle relevait celles qui se prosternaient, elle essuyait les larmes de celles qui pleuraient, elle échangeait quelques caresses avec les plus courageuses, en serrait d’autres dans ses bras dans de tendres étreintes. Toutes les femmes souffraient, mais pas elle. Elle atteignit ainsi un vaste espace où se trouvaient des tables garnies de victuailles. Dans un coin, on avait amené son trône ou elle s’installa. Les femmes se mirent en demi-cercle autour d’elle. L’une d’elles sortit des rangs et vint s’agenouiller devant la reine avec les yeux humides.
— Eh bien ma fille, en voilà une tète d’enterrement ? Dit-elle en souriant. Ne peux-tu faire l’effort de me faire meilleur visage?
— Ne fais pas ça, mère, répondit la jeune femme en réprimant un sanglot. S’il te plaît, ne fais pas ça…
— Thalis, ma chérie… Si tu savais comme je t’aime… Mais le temps est venu. J’ai accompli ma tâche du mieux que j’ai pu. Ça fait trop longtemps à présent, j’ai vu partir trop de mes filles, je suis lasse. Mes sœurs me manquent trop. Nous sommes en paix, notre peuple est fort et respecté. Le moment ne peut être mieux choisi.
Un éclair ...