1. Cruelles festivités


    Datte: 24/12/2018, Catégories: fhh, 2couples, oncletante, forêt, amour, fsoumise, nopéné, échange, fouetfesse, nonéro, nostalgie, policier, sf, jeux, Auteur: Collectif Antilogies, Source: Revebebe

    ... de moi, comme en classe. Il était moins timide, lui. Un jour, au théâtre municipal, il s’était isolé avec une fille brune, dans une loge ; ils avaient les lèvres rougies et gonflées quand ils nous avaient rejoints.
    
    La nuit venue, je l’ai rencontré devant les autos-tamponneuses. Isabelle était dans l’une d’elles. Il a sauté dans une autre et s’est amusé à la heurter. Elle en riait. Ils sont allés ensuite devant la chenille. La musique était forte, l’allure rapide. La toile était abaissée, cachant les passagers. Quelles possibilités de baisers et de tripotages ! J’ai pensé que c’était le moment de tenter ma chance. Isabelle m’a regardé, en souriant un peu. Mais il était à côté d’elle. Je n’ai pas bougé. Ils se sont installés sur un des sièges de la chenille.
    
    — Roulez jeunesse, a crié la grosse patronne du manège.
    
    Je les ai revus, de loin, pendant les longues vacances qui précédèrent mon entrée à la faculté des lettres, à Lyon. Ils se tenaient par la main, ils s’embrassaient dans les coins sombres. J’ai appris, vers Pâques, qu’elle était enceinte et qu’il était à Clermont-Ferrand. Je ne sais pas ce qu’elle est devenue. Il m’est arrivé, cette année-là, de rendre visite aux prostituées de la rue des Archers. Puis la vie a passé.
    
    J’irai avec lui, demain, à la fête foraine. Pas le soir, bien sûr, car la porte sera fermée. En début d’après-midi. La garde-chiourme voudra nous empêcher de sortir.
    
    — Vous allez encore vous perdre, comme l’autre fois, lui ...
    ... dira-t-elle.
    
    Je promettrai de le ramener. Elle nous laissera passer. Nous ferons le tour de la place, plusieurs fois.
    
    — C’est ici, lui dirai-je, qu’il y avait la chenille.
    — Elle y est encore !
    — Mais ce n’est plus la même, celle-ci est bien plus moderne.
    — Ah, vous croyez ?
    
    Il a oublié que nous nous sommes tutoyés pendant presque trois-quarts de siècle. Je lui parlerai d’Isabelle.
    
    — Quelle Isabelle ? répondra-t-il.
    
    Je le ferai asseoir sur un banc. Je rentrerai après quatre heures de l’après-midi. La garde-chiourme aura été remplacée par une autre, qui ne s’étonnera pas de me voir seul.
    
    À l’heure du dîner on ira le chercher dans sa chambre. La directrice ronchonnera, appellera le commissariat de police, en s’excusant une fois de plus. On le trouvera sur son banc, à l’heure où les forains commencent à crier « Roulez jeunesse ! » Il ne se sera même pas rendu compte qu’il commençait à faire un peu froid.
    
    La garde chiourme se fera vertement tancer, le lendemain. Elle me mettra en cause :
    
    — Il m’avait promis de veiller sur lui, de le ramener.
    
    Je sais bien ce que je répondrai :
    
    — Il a refusé de me suivre. Il attendait une certaine Isabelle.
    
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    Je n’aurais jamais dû laisser Laurent partager ma chambre. Il prend sa part des tâches ménagères, bien sûr. Il est gentil, il m’aime, nous faisons l’amour souvent, je l’aime aussi mais je me sens trop captive. Douce prison que celle des deux bras d’un garçon amoureux, diraient certaines, et je pense à ...
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