Cruelles festivités
Datte: 24/12/2018,
Catégories:
fhh,
2couples,
oncletante,
forêt,
amour,
fsoumise,
nopéné,
échange,
fouetfesse,
nonéro,
nostalgie,
policier,
sf,
jeux,
Auteur: Collectif Antilogies, Source: Revebebe
La collection « Antilogies » regroupe des textes courts (si possible entre 1500 et 7500 signes) mis en ligne sur le forum de Revebebe pendant le mois qui suit une proposition de sujet « antilogique » par l’un des membres.
Tous les lecteurs peuvent avoir accès au forum pour participer ! :Concours et jeux d’écritures ; Antilogies et autres jeux (ré)créatifs – les textesou Antilogies – les discussions.
J’entends les flonflons de la fête foraine. Je serais bien incapable de me souvenir de ce que j’ai mangé à midi mais ce qui s’est passé peu après la Libération n’est jamais sorti de mon esprit.
J’étais amoureux de la blonde Isabelle, amoureux comme on sait l’être au sortir de l’adolescence. Mais maladivement timide. Je la voyais à la messe. D’abord une gamine au physique ingrat, un échalas trop tôt monté en graine, puis une ravissante jeune fille, chrysalide devenu papillon en quelques semaines.
J’étais en terminale dans ce lycée où j’ai enseigné si longtemps ensuite. Lui aussi. Moi en lettres, lui en mathématiques. Nous mangeons à la même table.
— Entre anciens collègues vous vous tiendrez compagnie, a grogné la garde-chiourme quand je suis arrivé voilà six mois.
Il ne m’a pas reconnu. Il ne reconnaît pas sa fille quand elle vient, rarement d’ailleurs, lui rendre visite. Je m’amuse à lui dire que c’est sûrement sa fiancée, je fais mine d’être jaloux. Il soupire qu’il est rangé des voitures, et depuis bien longtemps.
L’infirmière vient de fermer ma fenêtre. ...
... Un coup sec sur ma porte et elle entre. Elle est très belle. Je le lui dis. Elle me gronde, mais sans acrimonie :
— Encore en train d’écrire ! Vous feriez mieux de dormir, il est tard.
— Avec vous, alors !
— Taisez-vous donc, vieux dégoûtant.
Mais elle me sourit. Alors je continue :
— Vous avez été mon élève, je m’en souviens fort bien.
— Sûrement pas ! Ma mère peut-être, mais pas moi !
Elle a raison. Elle est bien trop jeune. Isabelle était encore plus jeune. J’avais vu, quelques jours auparavant, les derniers soldats allemands quitter la ville ; puis des maquisards arriver. Des miliciens sur le toit de la mairie, la serveuse du Café de la Gare courant au milieu de braillards qui l’avaient tondue. Elle qui avait de si jolis cheveux ! C’était la première fois que je voyais une femme nue, les poils de son pubis étaient aussi noirs que ses cheveux perdus, ses seins ballottaient, ronds et blancs, aux tétons roses.
Où étaient-ils passés, les forains, pendant l’Occupation ? Toujours est-il qu’ils étaient là, sur la place de la préfecture, le premier dimanche de septembre. Je me suis juré ce jour-là de conquérir Isabelle ou de lui faire comprendre, au moins, que je l’aimais. Je la voyais quand nous déambulions, nous les jeunes, sur la place Michelet. Garçons et filles séparés, évidemment, mais quelques-uns osaient parler plus fort, lancer des œillades et des sourires. Des filles riaient bêtement, d’autres rougissaient. Isabelle me regardait parfois. Il était à côté ...