1. Diversion - Débarquement en Érinlande


    Datte: 15/12/2018, Catégories: nonéro, historique, Auteur: Bernard Nadette, Source: Revebebe

    ... des soldats de la plupart de leurs positions provoquent la multiplication des foyers d’insurrection. Nombreux sont les détachements qui sont harcelés ; bon nombre n’arrivent pas à leurs lieux de ralliement, massacrés par des insurgés survoltés.
    
    Les soldats ne sont pas les seuls à souffrir : les seigneurs glaisans, leurs intendants et factotums sont pourchassés, surtout quand ils se sont montrés par trop hautains et implacables en pressurant les paysans. Les plus humains et bienveillants sont souvent épargnés et même protégés par leurs fermiers ou métayers en cas d’intrusion de bandes étrangères. Nombreux sont ceux qui perdent la vie ; d’autres ne trouvent le salut que dans la fuite à bride abattue.
    
    Exemple d’un de ces drames, celui de Martial de Tourter, seigneur de Glenroe. Cet homme autoritaire et âpre au gain écrase ses gens de corvées et de prélèvements. Il n’a pas eu la sagesse d’abandonner son château. Les insurgés arrivent en nombre des villages environnants. Il n’a plus le temps de fuir. Il se réfugie dans la vieille tour avec sa troisième épouse, dame Adela, son fils Reynold, né d’un premier lit, âgé de dix-neuf ans. Il est suivi par ses deux intendants et une dizaine de domestiques, surtout des gardes-chasse, certains avec leur famille. L’ont suivi ceux qui, à la suite de leur comportement, savent avoir le plus à craindre de la colère des paysans ; les autres se tiennent à l’écart, certains rejoignent même les émeutiers. Dans la précipitation, une fois ...
    ... barricadés, ils s’aperçoivent qu’il manque à l’appel la sœur de Reynold : Judith, âgée de dix-sept ans, et sa demi-sœur Amélie, âgée de quinze mois, née de la seconde épouse. Ils ont des fusils et abondance de munitions. Les premiers qui s’approchent se font canarder, et l’un d’eux reste sur le terrain ; les autres se mettent à l’abri, certains en clopinant.
    
    Liam An Sionnach, descendant d’un enfant illégitime du marquis de Guépasse, bien que propriétaire et n’ayant pas trop eu à souffrir du seigneur de Glenroe, a non seulement rejoint les insurgés, mais c’est lui qui a organisé et commande la milice paroissiale. Il aurait volontiers rallié une des compagnies qui se constituent dans le pays pour rejoindre l’armée de libération, mais il ne peut abandonner la ferme et sa grand-mère dont il est le dernier soutien. Il a une certaine instruction et du charisme. C’est lui qui organise le siège. Il ne dispose d’aucun matériel. Il essaie de négocier la reddition, mais n’obtient qu’insultes et un coup de fusil le manquant de peu. Il sait que la tour sert de réserve et que ses occupants peuvent y tenir des semaines, et même des mois. D’autre part, un assaut frontal, malgré l’impatience qui anime les hommes, serait par trop coûteux en vies. Il a une idée. Il fait charger de paille et de bois vert une charrette, à laquelle le feu est mis. Le brûlot est poussé sur la porte. L’abondante fumée dégagée par le bois vert gêne le tir des assiégés. Les flammes se communiquent à la porte, puis à ...
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