1. Où sont passés les poivrons jaunes ?


    Datte: 13/02/2018, Catégories: caférestau, nonéro, amiamour, consoler, Auteur: Lilas, Source: Revebebe

    ... Toulouse ?
    — Nan. On peut se voir demain ? ai-je insisté, et mon cœur battait fort.
    
    Silence.
    
    — Ouais… ok. Au café habituel ?
    — Oui…
    — Pause du midi ou après le boulot ?
    — Comme tu veux.
    — Midi alors. J’ai rendez-vous vers 17 heures.
    — C’est qui ? a soudain demandé la voix lointaine de Géraldine.
    — C’est Hélène… elle a un problème avec son ordi et cherchait des conseils informatiques…
    — Fais-lui un bisou de ma part ! l’ai-je entendu dire.
    
    « Tu parles ! » ai-je pensé en grimaçant.
    
    — Bien sûr Nine… Géraldine te passe le bonjour… Hélène ?
    — Oui ?
    — Elle est sortie… C’est tout ce que tu voulais ?
    — Oui…
    — Je t’appellerai dès que je termine, ce sera sans doute vers onze heures quarante-cinq. Dis…
    — Oui ?
    — … Tu as réellement parlé que je suis possédé ou c’est moi qui…
    — Laisse tomber mon grand ! Laisse tomber… ai-je coupé, me sentant gaie. Allez à demain !
    
    J’ai raccroché le sourire aux lèvres. Il pleuvait toujours à verse dehors, mais dans mon cœur il ne pleuvait plus. J’étais libérée du méchant cafard qui me mangeait le bide depuis des jours… Cette nuit-là, pour la première fois depuis huit jours, j’ai dormi du sommeil du juste.
    
    *
    
    Et on suppose que ça n’en est pas resté là, vu l’état dans lequel tu te trouves ce soir…
    
    Oui… « on » suppose bien.
    
    Le lendemain, en sortant du travail, je me suis rendue au point de rendez-vous que Fabrice m’avait fixé par téléphone. J’étais joyeuse, insouciante, considérant ce fâcheux évènement réglé. Et ...
    ... j’étais contente de retrouver Fabrice dans une situation « normale ».
    
    Il est arrivé avec dix minutes de retard, et on a eu du mal à trouver une table. Dès qu’il s’est assis et a posé son regard sur moi, j’ai déchanté à la vitesse de la lumière. C’était différent. Tout était différent. En lui, maintenant, je pouvais lire comme dans un livre ouvert. Son regard avait changé. Il était soucieux, un peu sévère. Il m’en voulait, c’était clair.
    
    — Bon, eh bien euh… ai-je commencé. Tu veux manger ou…
    — Oh que oui, je crève de faim… S’il vous plaît ? Croque-monsieur et salade pour moi et… Hélène, tu veux quelque chose ?
    — Oui… p-pareil. Fab… ?
    — Hum ? a-t-il fait distraitement en dépliant sa serviette.
    
    Normal ! Pfff ! Il n’y avait rien denormal, là-dedans. Je me suis dandinée sur ma chaise, réfléchissant, tandis que Fabrice enlevait sa veste, desserrait le nœud de sa cravate, préparait ses couverts… Il m’a subitement dévisagée, avec beaucoup d’attention. Et d’intensité, je dirais même. Longtemps. Avant de détourner les yeux et de se concentrer sur une affichette collée à la vitrine.
    
    — Tu as mauvaise mine, m’a-t-il déclaré, sérieux comme un pape.
    
    Sans plus me regarder.
    
    — Ouais, je sais…
    
    Je ne le reconnaissais plus. D’habitude il était si enjoué ! Toujours à déconner, toujours à sourire. Ce jour-là, les traits fermés de son visage me paraissaient réellement de mauvais augure. On aurait dit… qu’il était sur ses gardes.
    
    On nous a servis, Fabrice a commandé du vin, j’ai ...
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