1. La mère de Jean (9)


    Datte: 09/12/2018, Catégories: Divers, Auteur: Anthynéa, Source: Xstory

    Adèle, un anorak sur le dos faisait le tour du jardin. Les derniers poireaux restaient verts, et là-bas sur la montagne qui faisait face à la petite maison, les arbres décharnés avaient pris des allures de squelettes. Les branches noires hivernaient depuis la fin de l’automne et les feuilles avaient toutes disparues. La femme se sentait un peu triste. Sur la terrasse, le copain de son fils, quel idiot, en bras de chemise, venait d’apparaitre !
    
    — Mais bon sang ! Restez au chaud ! Vous allez attraper la mort dans cette tenue.
    
    — Je voulais… juste vous aider.
    
    — À quoi faire ? Pour cueillir deux poireaux ? Pour ma soupe ? Ça ne nécessite pas tant d’efforts.
    
    — Je… m’excuse, mais je croyais bien faire.
    
    — C’est ça, rentrez vite à la maison et surtout fermez la porte, je ne chauffe pas pour le plaisir, vous savez.
    
    Guy s’était empressé de retourner à l’intérieur. Non, mais quel idiot songea d’un coup Adèle ! Puis elle arracha d’un coup sec les deux légumes dont la soupe serait faite. Depuis que Jean était parti avec Lucie, son imagination lui faisait entrevoir d’étranges images. Elle pensait à ce qui devait se passer entre son fils et son amie. Elle n’avait pas de crainte, la brune saurait bien s’occuper de son gamin. Mais… c’était un peu comme si l’autre lui volait une part d’elle. Un bout de son ventre, un morceau de son corps. La chair de sa chair, difficile de croire qu’une autre femme puisse lui donner de l’amour.
    
    Bien entendu rien à voir avec celui que ...
    ... toute sa vie elle lui avait voué. Non, cet amour physique que son esprit s’obstinait à trouver mal entre un garçon et sa mère. C’était de celui-ci qu’il s’agissait et au moment où cela devait se produire, elle avait les mâchoires serrées et les tripes nouées. Elle se questionnait davantage comme si son refus n’avait finalement pas été légitime. Pourtant il lui semblait qu’elle n’avait fait que ce qui était juste. Elle resterait la mère sans devenir l’amante. Alors pourquoi ce désarroi, ce trouble au fond de son esprit ?
    
    Guy avait presque des remords. Son copain Jean était parti avec la brune et lui était là, coincé avec cette Adèle. Vêtue chaudement, elle venait d’entrer au jardin. Quels légumes pouvaient encore bien survivre par ce temps ? Il pensa qu’il était temps de faire la paix avec cette belle plante et se dirigea vers elle. Le froid piquait, surtout qu’il n’avait rien d’autre que sa liquette sur les dos. Elle venait de le tancer et c’était presque heureux qu’il regagnât l’intérieur de la maison bien chauffée. La femme aussi remontait du potager avec deux rescapés du gel. Il lui ouvrit la porte-fenêtre.
    
    — Vous vouliez donc prendre froid ? Il fait moins six dehors… et en chemise… la crève vous guettait jeune homme.
    
    — Je… vous avez raison, je n’ai pas réfléchi.
    
    — Ça vous arrive souvent ?
    
    — Pardon ?
    
    — Oui de ne pas avoir assez de jugeote et d’agir à la légère ? Ça vous prend souvent ?
    
    — Non. Je crois que c’est vous qui me tournez la tête.
    
    — Ben tient ...
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