Deux plus deux - Histoires de Sexe

Deux plus deux

... ton de panique dans la voix.
— Parce qu’il m’a demandé si tu m’en avais parlé. Mais il n’a pas voulu m’en dire plus, il a dit que tu saurais de quoi il parlait.
— Ah… Je déglutis avec difficulté. Il m’a proposé de… De me prêter Véro.
— Quoi !?
— En échange de toi, bien sûr.
— Bien sûr, oui. Et qu’as-tu répondu ? poursuivit Caroline, un ton de reproche dans la voix.
— Rien. Qu’on n’y avait jamais pensé. Que je ne m’engageais pas sans toi.
— Ah, fit-elle, pensive

Un silence s’installa, pesant. Nous en avions oublié la petite balle qui roulait à nos pieds. Mon cerveau était en ébullition, mes pensées désordonnées. Je n’arrivais pas à savoir ce que je voulais vraiment. Je me sentais tiraillé entre le désir d’une nouvelle expérience (je n’arrivais pas à m’avouer mon désir pour Véronique et Julien) et la peur du passage à l’acte. Face à moi, Caroline semblait elle aussi plongée dans une intense cogitation. Je ne pouvais décrypter ses pensées.

Elle engagea de nouveau la balle – je remportai aisément le point. Même chose sur le suivant. Je ne peux pourtant pas dire que je jouais particulièrement bien. Elle finit par s’arrêter complètement de jouer.

— Je n’arrive pas à y croire, dit-elle, la mine fermée.
— Quoi donc ?
— Qu’il puisse envisager ça comme un « prêt ». On n’est pas des objets que je sache.
— C’est une façon de parler, ma chérie. Tu crois vraiment que Julien traiterait Véro comme un objet ?
— Je n’en sais rien, moi. Je ne le croyais pas en tout cas. ...

... Mais si c’était le cas, ça me décevrait beaucoup de sa part.
— Je ne crois pas que c’est ce qu’il voulait dire. L’essentiel de la proposition est ailleurs, tu ne crois pas ?
— Si, mais là aussi ça ne cadre pas avec ce que j’imaginais.
— Et comment l’imaginais-tu ? demandai-je avec une certaine excitation dans la voix
— Pas chacun de son côté. J’imagine quelque chose de plus… Enfin, moi je pense que j’aurais besoin que tu sois là.
— Moi aussi, Caro. Je ne sais pas si c’est ça qu’il a voulu dire. Moi non plus je n’imagine pas le faire sans être à côté de toi.
— C’est une expérience tellement intime, poursuivit-elle, et qui touche tellement à notre couple… Oui, je veux que tu sois là. Je veux te voir. Et que tu me voies. Enfin, je voudrais, si un jour ça arrivait. Tu vois ce que je veux dire, hein ?
— Oui, je vois très bien. Je suis d’accord avec toi. Et je suis d’accord pour dire que ça n’arrivera jamais avec quelqu’un qui traite sa femme comme un objet.
— Enfin, comme tu l’as dit, ça m’étonnerait que ce soit le cas… Ce n’est pas du tout le genre.

Je la regardai avec intensité. Elle rougit. Ses pensées la trahissaient – les miennes faisaient de même, sans doute. Nous n’avions pas besoin d’en dire plus. Nous nous étions compris. Je l’embrassai dans le cou et engageai une nouvelle fois la balle. Cette fois-ci, elle me la retourna avec force, et je ne pus la rattraper. La partie se termina en totale humiliation, sans que je ne marque un seul point. Nous retrouvâmes Julien ...