L'amante religieuse
Datte: 07/12/2018,
Catégories:
fh,
religion,
campagne,
amour,
Oral
pénétratio,
confession,
Humour
initfh,
Auteur: Bouldegom, Source: Revebebe
Je vivais à l’écart de la place publique, serein, contemplatif, ténébreux, bucolique… Petite retraite récente d’instituteur, mais peu de besoins, et une petite maison confortable dans la nature, pas loin de Briançon. Veuf depuis deux ans, une sale maladie m’ayant enlevé en rien de temps une femme aimante et aimée. Une vie calme et presque volontairement solitaire, avec beaucoup de livres, et beaucoup de CD des « vieux » chanteurs de mon temps. Une vieille guitare, mais jamais je n’ai fait bien mieux que de me faire plaisir, avec quelques accords pour chanter mes chansons. Mes trois enfants, loin avec leurs propres enfants et leurs soucis, me rendent visite de temps en temps, pas souvent.
Le mois de mai a été plutôt pourri, mais ce début de juin est magnifique. Tôt ce matin, je suis monté au pic de Baudouis. Itinéraire médiocre dans les éboulis, mais sommet bien dégagé et belle vue. En prime, quatorze chamois se promènent au-dessous de moi, sans m’avoir remarqué.
Sur le chemin du retour, juste au-dessous du col des Ayes, je tombe sur un spectacle étonnant. Une femme est assise au bord du chemin, avec une valise et un cabas près d’elle. Elle a des chaussures de ville, un petit foulard et une grande robe grise à manches, de style grand’mère. Pourtant, elle ne doit pas avoir la cinquantaine. Elle répond à mon bonjour par un sourire au bord des larmes.
Je lui demande si je peux l’aider en quoi que ce soit. Elle me dit qu’elle a très mal aux pieds, qu’elle a péché par ...
... orgueil de vouloir passer par là, que la nature est belle et que le cœur lui fend, qu’elle s’excuse, qu’elle va se débrouiller…
J’insiste un peu, perplexe devant son discours et son accoutrement bizarres. Une folle ? Dans mon sac, outre l’appareil photos, les jumelles, la couverture de survie, la frontale, mes gants, mon anorak, et un tas de trucs indispensables qui ne me servent jamais, j’ai une mini pharmacie avec Bétadine, tricostéril, coton et ciseaux. Je lui propose de soigner ses pieds. Elle se fait sérieusement prier, mais finit par me les montrer. Une horreur ! Des ampoules sur chaque orteil et au talon, la plupart éclatées. N’ayant jamais d’ampoules, je n’ai pas de « double peau », mais je me transforme en infirmière émérite et répare un peu les dégâts. Curieusement, elle semble plus redouter le contact de mes mains que mes soins parfois piquants.
Elle vient de Brunissard et se rend à Briançon. Comme elle voit bien que j’ai des doutes sur sa santé mentale, elle finit par m’expliquer, la mine réjouie, qu’elle était religieuse contemplative dans un couvent vers Barcelonnette, et qu’elle a décidé d’en partir.
— Eh oui, ne me regardez pas comme ça, je ne suis pas une extraterrestre !
Et deux secondes après :
— Après tout, si, je suis une extraterrestre ! Mais ne me regardez pas trop, ça m’impressionne.
La supérieure lui a rendu son testament, et elle a hérité du petit appartement de ses parents à Briançon. Elle avait tellement envie de nature et d’espace ...