Délectation (1)
Datte: 06/12/2018,
Catégories:
Erotique,
Auteur: Anthynéa, Source: Xstory
... Le lieu se prête à la consommation et ma foi, je n’y trouve rien à redire.
— Je vous sers la même chose ?
Aucune envie de répondre ! Seulement hocher la tête en guise d’assentiment. Et la gosse repart avec souplesse. Je recherche avidement le fantôme qui s’est pourtant lui aussi déplacé. Les yeux bleus sont désormais plus près du bar et des autres consommateurs. Peu nombreux ma foi, mais plus présents tout d’un coup, à mon esprit. Notre jeu est-il en passe de s’éteindre ? Sans doute puisque le retrait semble me l’indiquer. À moins que… serait-ce ce que j’imagine ?
Je fais pivoter mon siège pour recouvrer une ligne droite face à toi. Et je devine le rictus qui illumine ce visage inconnu, je crois. La main serre un verre et cette fois je dois lever la tête pour suivre les chailles qui me déshabillent impunément. Le tabouret proche du comptoir est plus haut que mon siège. Comme sans doute l’intérêt que tu me portes est repérable, deux ou trois frimousses d’hommes seuls, tout aussi anonymes que la tienne tracent une ligne qui converge vers moi. Le bras libre lui, se remet en marche et la dextre qui se meut dans un geste sans équivoque… m’indique ou m’ordonne de redéplier ces longues quilles que je m’obstine à garder croisées.
Ai-je envie de continuer à ouvrir ce compas gainé de bas cachant les parties visibles de cet iceberg ? D’autant que ce n’est plus une simple paire de mirettes qui lorgne une possible ouverture. Trois ou quatre bouilles sans âge sont venues ...
... renforcer l’équipage et je me sens moins de courage. Mais les phalanges insistantes refont d’identiques grimaces, montrant une impatience grandissante. Je baisse une seconde la tête et d’instinct avec une sorte de délicieuse crampe au bas du ventre, je m’efforce d’oublier mes peurs.
Exquise impression que celle de tout dévoiler sans rien vraiment montrer. Les trognes virent au rubicond, alors que pour la énième fois mes gambettes zèbrent l’air devant ces spectateurs improvisés. Pourtant, l’attente ne correspond pas totalement à celle de tes doigts qui restent éloignés l’un de l’autre et pour preuve, l’éclair qui surgit dans les lacs qui me pénètrent de leurs eaux limpides. Je me surprends à songer que c’est bien moi qui ai allumé ces espoirs par mes premiers mouvements amusés. Désormais le désir est là ! Il me mange et je pince les lèvres.
Les autres figures, toutes rivées à ce centre que je persiste encore à clore après une gesticulation ordonnée de mes jambes, je les devine empourprées et suantes. Combien me faut-il de courage, ou de folie pour enfin garder en droite ligne de ces têtes prêtes à exploser, les genoux légèrement dissociés l’un de l’autre ? Et la pogne là-bas qui trépigne, piaffe nerveusement à force de vouloir encore plus. Langage des signes qui m’exhorte à montrer plus encore, à ensorceler, à mettre le feu. Alors… pourquoi s’obstiner dans une résistance fastidieuse ?
Et comme pour faire durer un plaisir maladif, pour que ces mâles-là s’étranglent un peu ...