1. Délectation (1)


    Datte: 06/12/2018, Catégories: Erotique, Auteur: Anthynéa, Source: Xstory

    C’est doux comme une caresse, ça glisse lentement avec volupté et le claquement de ma langue vient saluer le goût parfumé de cette liqueur qui coule en moi comme un miel doucereux. Puis lentement, en te fixant sans relâche, je lève délicatement ma cuisse gauche posée sur la droite. Je décroise les jambes perversement, avec les yeux rivés aux tiens. Et toi face à moi, tu comprends sans doute que je ne fais qu’attiser un peu plus ce creux au ventre que je sais avoir foré là, depuis quelques instants.
    
    Sans quitter ton visage qui vient de rougir, je repose mon verre. Vide, de cet alcool qui désormais navigue dans mes veines, me faisant faire ce que quelques minutes auparavant, j’aurais bien juré impossible. Mes quilles se détendent une fois encore dans un lascif mouvement pour revenir à cette position que quelque temps auparavant j’ai quitté. Et l’espace d’un éclair je sais, je sens que ce regard qui attisé par le geste ample vient caresser lui aussi ce qu’ostensiblement je te découvre.
    
    Bleues, elles sont bleues ces prunelles qui tentent désespérément de fouiller plus loin que le tissu, s’insinuant au plus profond de ce que je te montre. Tu ne fais rien, pas un seul mouvement. Non ! Tu te contentes de chercher à voir. Et ces quinquets aux reflets chatoyants qui me couvent se reposent une fois encore sur une risette que j’affectionne. Ce sourire, mi-amusé, mi-énervé, c’est pour en attendre davantage ? Je ne sais pas ! Le sourire m’amuse, m’intrigue, m’inquiète autant que je ...
    ... l’adore.
    
    Deux doigts, serrés isolés du reste de la main, viennent en ciseaux s’entrouvrir dans une supplique muette obscène. Et la vodka aux relents d’orange se dilue dans mon corps en chaleur bienfaisante. Je suis cet index qui s’éloigne d’un majeur raide, avec le cœur qui bat la chamade. Je saisis l’allusion pourtant non dite, mais tellement explicite. Alors ce genou gauche revenu sur le droit se soulève à nouveau pour ouvrir le chenal. Et les billes filent vers cet entrebâillement qui une fraction de seconde laisse deviner…
    
    Notre petit jeu a commencé quand ? Il n’y a que quelques consommateurs dans cet endroit feutré où nous sommes face à face. Pourtant quelques tables nous séparent, mais personne n’en occupe une place de celles-ci. Qui es-tu ? Je n’en sais rien, je ne perçois que ces deux yeux sur fond de visage souriant. Et puis il y a cette patte, celle qui par signes d’une incroyable précision, d’une inexorable conscience, me rend folle. Je ne peux détacher mes regards de ce sémaphore qui m’envoute. Pourquoi suis-je aussi persuadée que je vais faire ce qu’elle me demande ?
    
    Les ciseaux restent en l’air, lames ouvertes, encouragement tacite à renouveler et peut-être à garder le puits découvert ? Cette invitation fait un peu plus creuser mon ventre. Les spasmes qui s’y forment désormais le font presque couler d’un bonheur malsain. Un trait sombre traverse ma vision de la salle. Une serveuse toute de noir vêtue s’est précipitée, au premier signe d’un verre vide. ...
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