1. Frites, nuggets, sauce sanguine


    Datte: 01/12/2018, Catégories: nonéro, sf, aventure, Auteur: Dr Lamb, Source: Revebebe

    ... basculai en avant et tombai dans les pommes.
    
    Le ciel rouge. Le lourd vaisseau, immense, qui recouvrait tout au-dessus des immeubles. Il passait en silence, comme un vaisseau fantôme voguant sur une mer rouge de sang. Les maisons détruites. Les corps partout, qui jonchaient le bitume.
    
    Les cris, au loin. Farida, de vingt ans plus vieille, le visage balafré, le cheveu sale, qui tenait entre ses doigts une longue aiguille, où perlait à l’extrémité une goutte de mon sang…
    
    Je me réveillai en voulant hurler, mais mordis convulsivement dans le drap qui m’enroulait. Le cœur battant, je me redressai en m’étouffant à moitié.
    
    — Doucement, doucement…
    
    Farida se tenait au pied du lit dans lequel je me trouvais.
    
    La chambre était plongée dans une demi-obscurité, seulement éclairée par une petite lampe de chevet qui jetait des ombres délicates dans la pièce.
    
    — Doucement…
    
    Elle posa sa main sur mon front, sa main chaude et douce.
    
    — Calmez-vous, Ben. Recouchez-vous…
    
    Ce que je fis. J’avais le cœur qui battait si fort dans ma poitrine, que l’on aurait dit un enterré vivant qui tambourinait contre le bois de son cercueil.
    
    — Où est-ce… Que…
    — Chez moi. Dans ma chambre.
    
    Les bribes de mon cauchemar me jaillirent devant les yeux ; un cauchemar qui était réel, trop réel.
    
    Où était Max ? Était-il encore vivant ? À ma recherche ? Et s’ils savaient utiliser les cabines de téléportation ?
    
    Ils ne mettraient pas longtemps à me retrouver… Ici. Et s’en prendre à ...
    ... Farida.
    
    Je me redressai et m’assis au bord du lit.
    
    — Doucement, doucement. La tête ne tourne pas ?
    — Un peu…
    
    Je n’osais pas la regarder. L’image d’elle plus âgée et le visage balafré ne me quittait pas.
    
    — Comment vous vous êtes retrouvé dans mon couloir ?
    — C’est une longue histoire… Vous m’avez amené chez vous ?
    — Oui, vous étiez inconscient. Je n’ai pas trop su quoi faire, sur le moment.
    
    Elle haussa les épaules et se leva du lit. Je remarquai qu’elle portait toujours son survêtement mais avait ôté ses baskets.
    
    — Vous alliez faire du sport ?
    — Oui.
    
    Elle ouvrit la porte de la chambre et se tint sur le seuil.
    
    — Vous voulez boire un café ou un thé ?
    — Non, ça va…
    
    J’avais encore la sensation brûlante de la chose qui se glissait dans mes narines, cette odeur infecte et forte de vinaigre, et ravalai un haut le cœur.
    
    — Merci, lui dis-je.
    
    Son salon était petit, plus petit que le mien, et ne contenait quasiment rien. Ni télé, ni fauteuil, aucune lampe, aucune babiole décorative. Les murs étaient nus. Aucune tapisserie.
    
    Seules une table en bois et une chaise étaient placées au centre de la pièce.
    
    Je m’avançai alors qu’elle déposait sur la table une théière et deux tasses.
    
    — Un peu de thé ?
    
    Qu’est-ce que je pouvais lui dire ? Qu’est-ce que je pouvais bien lui dire ? Je ne savais pas par où commencer. Elle allait me traiter de fou et me chasser à grands coups de pieds au cul.
    
    — Je n’ai pas de deuxième chaise, dit-elle.
    
    Je haussai les ...
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