1. Les épis de blé / Rêve ferroviaire


    Datte: 01/12/2018, Catégories: fh, train, cérébral, revede, poésie, Auteur: Louise Gabriel, Source: Revebebe

    ... trains de nuit ont le confort de la pénombre, cette facilité des recoins un peu sombres qui autorise les gestes, ils ouvrent la porte à mes envies lascives et lancinantes.
    
    Il est beau. Il l’est forcément. Il est beau du désir, rien que cela les rend magnifiques. Il ouvre la bouche, il voudrait parler, je pose mon doigt sur sa bouche, je l’en empêche, seule la musique du train suffira à nos ébats. Ne pas briser le rêve, rester avec toi alors que je suis avec lui. Tu vas prendre possession de ce corps somptueux, tu vas l’habiter, combler le vide de ton absence. Et il me caresse déjà la nuque, comme s’il savait que rien au monde ne me fait autant basculer vers le délice.
    
    Elles sont douces, ses mains, elles me câlinent. Je m’enroule autour de lui comme un gros matou, je ronronne. Il glisse un doigt dans la ceinture de mon pantalon mais je vais plus vite que lui, je déboutonne à toute vitesse son jean. La sensation de raideur, de rigidité bien trop à l’étroit m’a ouvert l’appétit et la belle gourmandise se dresse comme un lutin jailli d’une boîte à malice, je la gobe tout entière, sans préambule. J’éclaterais presque de rire lorsqu’il étouffe un cri de surprise de tant d’audace. Nous ne sommes pas tout à fait seuls, moi je suis seule sur une île déserte quand mon désir est devenu tortionnaire. Et rien ne m’arrêtera plus.
    
    Il imprime ses doigts dans la peau du crâne. Ma chemise est largement ouverte maintenant. Je profite de la saveur goûteuse de sa belle queue, il se ...
    ... promène le long de ma colonne vertébrale, il se faufile un chemin jusqu’à mes fesses, il me caresse à n’en plus finir et je le suce à l’unisson avec la même langueur.
    
    Je deviens fontaine ruisselante, eaux tumultueuses. La tempête se fait violente, je me glisse sur son membre affolant, je me cloue avec rage, je me crucifie sur cette douceur à la peau de velours et, bon Dieu qu’elle est crucifiante à souhait, encore mieux que je ne l’avais rêvée ! Elle irradie dans tout mon être, une vraie bénédiction, un cadeau des dieux pour moi qui ne crois en rien, si ce n’est au pouvoir de mon imagination, à la puissance de mes confusions.
    
    Et je vais et je viens, il m’embrasse dans le cou, il est tendre, toujours un peu dans l’hésitation, dans la retenue, terriblement attendrissant et un rien enfantin.
    
    Il me laisse faire, il se laisse prendre, piller par effraction sans rien dire du tout. Il a juste ce si joli sourire, cette peinture, cette couleur sur le visage qui dit mieux que les mots qu’au moment présent il est heureux.
    
    Je continue mon tango argentin, ma valse souple et ondulante. Je me branle, mes deux mains plantées dans ses épaules. J’ai depuis longtemps quitté le wagon, je suis dans l’extase, la douce et violente ivresse du corps à corps.
    
    Dans le langage de la chair, il est toi, tu es eux, à chaque fois, dans cette mouvance consumante, dans cette prise de plaisir qui fait de moi un feu de joie. Des flammes me lèchent, sa langue humide et brûlante a remplacé sa queue, il ...