Jeudi libre - Histoires de Sexe

Jeudi libre

... hommes se partagent.
— Allons Sonia ! Allez Pascal, racontez-lui.

J’insiste :

— Mais oui Pascal, racontez-moi vos conquêtes.

À contrecœur il se lance.

— En temps normal, les centres commerciaux sont des lieux où les femmes seules sont nombreuses. Sauf le mercredi où la présence des enfants impose une ambiance familiale, les acheteuses sont disponibles et attentives à des marques d’intérêt. Avec un peu d’expérience on peut faire des conquêtes. Mais depuis quelques semaines, avec le film « Nuances de Grey », c’est plus facile.
— Vous draguez pendant les séances ? dis-je.
— Non, ce serait trop fastidieux. Il suffit de surveiller la sortie. Certaines femmes sont seules. On ne vient pas seule à ce genre de film sans rechercher un peu de changements. Alors moi, j’essaie de me proposer, au moins pour un instant et concrétiser en partie ce que l’héroïne du film fait partager à ses admiratrices.

Je comprends que j’ai été sélectionnée par ce prédateur, ce dragueur de centre-commercial, uniquement sur ces critères.

— Vous profitez finalement d’un moment de trouble ou de faiblesse de ces femmes. Ce sont de bien piètres conquêtes !

Thomas sent que je n’apprécie pas trop son collègue et je ne le remercie pas de fuir en lançant.

— Oh, excusez-moi, il faut que je voie mon comptable.

Je me retrouve en face à face avec l’homme et avant de partir de mon côté, je ne peux m’empêcher de lancer une dernière vacherie :

— Si je comprends bien, vous attendez vos ...

... proies avec des accessoires, bandeau, menottes, etc.
— Madame…, essaie de se défendre le « coureur ».

Mais c’est trop tard, je suis trop loin.

— Qu’est ce qui t’as pris ? me demande mon mari sur le chemin du retour.

Je bafouille une excuse bidon du genre :

— Je suis fatiguée et en plus ne supporte pas les hommes qui se vantent sur le dos des femmes.

Mais la réalité est plus désagréable. Je ne supporte pas d’avoir été classée dans le troupeau de cet homme, troupeau de femmes faciles qui peuvent céder aux avances de ce Don Juan de pacotille. Quels plaisirs peuvent-elles trouver dans ces étreintes obligatoirement rapides et sordides.

Maintenant, je me sens souillée par son approche dans le restaurant. Pourtant, avant de connaître la version de cet homme, je m’étais sentie, même si je n’osais le reconnaître, comme honorée d’avoir été approchée par ce jeune et beau, garçon. Après tout, à mon âge, qu’un homme de 15 ou 20 ans plus jeune, prenne la peine de vous draguer, est un magnifique cadeau. Le salaud. Ses confidences ont tout sali.

Pourtant, le jeudi suivant, j’ai la surprise de le revoir à la terrasse d’un café du centre-commercial en compagnie d’une femme. Fille assez jeune que manifestement le satyre essaye d’attirer dans ses filets. Est-ce une spectatrice du film ou une simple cliente en goguette ? Peu importe, le résultat est là. Il ne me remarque pas, entièrement plongé dans son jeu de séduction.

Je ne résiste pas à l’envie de le surveiller. Je veux ...